La coalition présidentielle a revendiqué une victoire aux élections législatives organisées dimanche 31 juillet au Sénégal ; un succès contesté par l’opposition, qui parle de « majorité préfabriquée ». « Nous avons gagné 30 départements » sur les 46 que compte le Sénégal et des circonscriptions à l’étranger, a déclaré dimanche soir à la presse l’ancienne première ministre et tête de liste de la coalition présidentielle, Aminata Touré. « Ceci nous donne incontestablement une majorité à l’Assemblée nationale. »
« Nous avons donné une majorité à l’Assemblée nationale à notre président de coalition », Macky Sall, a ajouté Mme Touré, sans donner le nombre de députés obtenus par son camp ni préciser s’il s’agit d’une majorité relative ou absolue. Elle a reconnu la défaite de sa coalition à Dakar.
La réplique à Mme Touré n’a pas tardé du côté de l’opposition. Barthélémy Dias, maire de Dakar et membre de la coalition dirigée par le principal opposant Ousmane Sonko a parlé de « vulgaire mensonge » et de « majorité préfabriquée », sur la radio privée RFM. « Le peuple répondra, il descendra dans la rue demain et vous nous direz comment vous avez obtenu votre majorité. La cohabitation est inévitable. Vous avez perdu cette élection au niveau national. Nous ne l’accepterons pas. Cette forfaiture ne passera pas », a ajouté M. Dias, sans donner de chiffre.
Un nouveau Parlement pour cinq ans
L’opposition a affirmé vouloir mettre à profit ces élections pour imposer une cohabitation au président Sall, qui espère, lui, conserver une large majorité. Ces législatives font figure de test après les élections locales de janvier, remportées par l’opposition dans de grandes villes de ce pays d’Afrique de l’Ouest réputé pour sa stabilité, comme Dakar, Ziguinchor (sud) et Thiès (ouest).
Les législatives, à un seul tour, visent à renouveler pour cinq ans les 165 sièges du Parlement monocaméral, largement contrôlé par le camp présidentiel. Macky Sall a promis de nommer un premier ministre – poste qu’il avait supprimé, puis rétabli en décembre 2021 – au sein de la formation victorieuse des élections.
Quelque sept millions de Sénégalais étaient appelés pour ce scrutin qui s’est déroulé sans incidents majeurs, dont la participation était de 22 % au niveau national dimanche à 13 heures, selon le ministère de l’intérieur. La Commission nationale électorale autonome (CENA), qui supervise le vote, a déployé quelque 22 000 observateurs. Des experts de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) et de la Francophonie sont également présents.
Un éventuel troisième mandat ?
L’opposition veut aussi contraindre M. Sall – qui a voté dimanche matin à Fatick, à 150 km au sud-est de Dakar – à renoncer à toute velléité de candidature en 2024. Le président Sall, élu en 2012 pour sept ans et réélu en 2019 pour cinq ans, maintient le flou sur ses intentions à dix-neuf mois de la présidentielle.
« Si Macky Sall les perd [les législatives], il ne parlera plus de 3e mandat », a assuré son oppposant Ousmane Sonko. La précampagne a été marquée par de violentes manifestations qui ont fait au moins trois morts en raison de l’invalidation par le Conseil constitutionnel des titulaires de la liste nationale de la coalition dirigée par M. Sonko.
Plusieurs figures de l’opposition, parmi lesquelles Ousmane Sonko lui-même, ont été contraintes de renoncer à participer aux élections, dénonçant un stratagème du président pour écarter ses adversaires. Le 29 juin, l’opposition a finalement calmé le jeu en acceptant de participer au scrutin, qu’elle menaçait jusqu’alors d’empêcher.
Avec AFP