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Melilla : au moins 23 migrants morts

Vingt-trois migrants ont péri lors de la tentative de passage en force de près de 2 000 clandestins d’origine d’africaine, vendredi 24 juin, dans l’enclave espagnole de Melilla, au nord du Maroc, selon un bilan actualisé publié samedi soir par les autorités locales marocaines.

Après ce drame, des associations marocaines demandent une enquête « approfondie ». « Nous insistons sur l’ouverture d’une enquête approfondie pour élucider toutes les circonstances de ce drame », a ainsi plaidé samedi soir Omar Naji, chargé du dossier des migrants au sein de l’Association marocaine des droits de l’Homme (AMDH) à Nador, ville limitrophe de Melilla, dans le nord du pays.

« C’est du jamais-vu à Nador ou au Maroc en général », a témoigné Omar Naji dans une interview à l’AFP, faisant état de son côté de 27 morts parmi les migrants originaires d’Afrique subsaharienne. « Un bilan qui va sans doute s’alourdir au vu de la violence des affrontements », a-t-il souligné.

« Une attaque contre l’intégrité territoriale de notre pays », selon Madrid

Le Premier ministre socialiste espagnol, Pedro Sánchez, a décrit ce drame comme un « assaut (…) violent et organisé de la part de mafias qui se livrent au trafic d’êtres humains, contre une ville qui est un territoire espagnol ». « Par conséquent, il s’est agi d’une attaque contre l’intégrité territoriale de notre pays », a-t-il ajouté lors d’une conférence de presse à Madrid.

Au total, 130 migrants sont parvenus à entrer vendredi à Melilla, dont l’un restait restait hospitalisé, selon des sources de la préfecture espagnole. Il s’agit majoritairement de Soudanais, selon un photographe de l’AFP qui a pu leur parler.

Ceux qui ont péri ont trouvé la mort « dans des bousculades et en chutant de la clôture de fer » lors d' »un assaut marqué par l’usage de méthodes très violentes de la part des migrants », selon les autorités locales marocaines.

Le bilan humain est de très loin le plus meurtrier jamais enregistré lors des nombreuses tentatives de migrants subsahariens de pénétrer à Melilla et dans l’autre territoire espagnol de Ceuta. Ces deux enclaves constituent les seules frontières de l’UE avec le continent africain.

L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et le Haut commissariat des Nations Unies aux réfugiés (HCR) ont réagi conjointement pour exprimer « leurs plus vives inquiétudes » et rappeler la nécessité « en toutes circonstances de prioriser la sécurité des migrants et des réfugiés » et « l’importance de trouver des solutions durables pour les personnes en situation de déplacement ».

« Faire le nécessaire en faveur des victimes des deux côtés »

Au Maroc, des ONG d’entraide aux migrants se sont jointes à l’AMDH pour exiger une enquête « transparente et sérieuse ». Un grand syndicat marocain qui défend aussi les droits des travailleurs migrants, l’Organisation démocratique du travail (ODT), a exhorté le gouvernement « à ouvrir une enquête sur ce drame tragique et à faire le nécessaire en faveur des victimes des deux côtés », clandestins et policiers.

En Espagne, une députée européenne du parti de gauche radicale Podemos, allié des socialistes au sein du gouvernement minoritaire de Pedro Sánchez, leur a fait écho. « Une enquête est nécessaire pour éclaircir les faits et les responsabilités », a réclamé dans un tweet Idoia Villanueva, responsable de Podemos pour les affaires internationales. De nombreux témoignages mettent en avant la violence de part et d’autre lors des évènements de vendredi.

C’est la tentative d’entrer à Melilla « la plus violente que j’ai jamais vu », a confié Rachid Nerjjari, serveur dans un café situé en face de la clôture qui marque la frontière, dans le quartier marocain de Barrio Chino. Il a assuré avoir vu « des migrants armés de bâtons et de barres de fer ».

L’action des forces de sécurité marocaines suscite également de nombreuses interrogations. Tout en reconnaissant que l’assaut des migrants avait été « violent », Eduardo de Castro, le président (maire) de Melilla et plus haute autorité politique de cette ville autonome, a ainsi dénoncé une « réponse disproportionnée » du Maroc.

Pour Mohamed Amine Abidar, le président de la section de l’AMDH à Nador, « la cause principale de cette catastrophe est la politique migratoire menée par l’Union européenne en coopération avec le Maroc ».

Sur les lieux, le calme était revenu samedi à Nador, cité limitrophe de l’enclave espagnole, ainsi qu’aux alentours de la clôture de fer qui sépare le Maroc de Melilla. Et il n’y avait aucune trace de migrants en ville. Selon Mohmaed Amine Abidar, ils se seraient « éloignés de peur d’être déplacés par les autorités marocaines », généralement vers le sud du pays.

Cette tentative d’entrée massive dans l’une des deux enclaves espagnoles est la première depuis la normalisation en mars des relations entre Madrid et Rabat, après une brouille diplomatique de près d’un an.

Source : AFP

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