Les enseignants chercheurs de Guinée sont ingénieux. Il faudrait bien qu’ils montrent leur expérience non ? Sinon, pourquoi continuerait-on à les appeler chercheurs ?
Ils ont fait de hautes études. Ils ont appris assez sur des sciences et tous les jours ils essaient de les amender. Ils font des recherches scientifiques, évoquent les nouvelles possibilités de combinaisons chimiques, les progrès dans le domaine biomédical, les avancées technologiques, les nouvelles méthodes administratives, le développement durable, le droit positif et la politique. Terminons par les sciences politiques dans lesquelles ils excellent en 2020. Un progrès phénoménal, puisqu’ils ont réussi à calquer la politique à la sociologie de la République de Guinée. Pour dire plus facilement, ils ont lu et adopté ce que les ouvriers politiques, troubadours contemporains font sur le terrain.
Ils n’ont rien inventé. C’est pour leur bien. Ils ont appris qu’en période électorale, les oreilles du chef sont assez ouvertes, sa bouche et sa langue diluées et sa main très généreuse. Il suffit de vous voir dans les couleurs de son parti pour qu’il puisse à son tour en rire avant de mettre la main à la poche. Il n’hésite pas à offrir beaucoup et promettre un bloc de Simandou à quelqu’un. Les enseignants chercheurs l’ont compris, cette fois il n’est pas question d’observer le troisième mandat de loin. Il faut s’en approcher et même contribuer à l’obtenir vite. Ils ont trouvé une excuse trop facile, mais c’est une excuse quand même. Le président, professeur a nommé un des leurs et puis il fallait reconnaître qu’il a fait des réformes et augmenté leurs salaires. Pour eux, c’est un cadeau. Alpha a pris l’argent qu’il a amené de la Sorbonne pour améliorer leurs conditions de vie. Nos tympans nous démangent vraiment.
Les enseignants chercheurs ont choisi le palais, une salle des congrès aux fauteuils déchirés non loin du village PRAC pour féliciter le président candidat. Ils n’ont pas tout dit et ce qu’ils n’ont pas voulu dire dans leur discours, le ministre Bangoura l’a dit. Alpha Condé a une chance de taille. Les enseignants chercheurs qui soutiennent une candidature. Oh ils diront qu’ils ne l’ont peut être pas dit, mais ils n’ont pas de choix. Soutenir le président candidat est le seul moyen de se faire aider. On peut manger un peu et derrière bénéficier d’un décret. Décret, c’est ce que tous les cadres attendent de tous leurs vœux. Les enseignants chercheurs ne veulent plus laisser les militants seuls se partager les postes ministériels et les avantages liés à ces fonctions.
Ah les enseignants chercheurs. Un peu d’amabilité à l’endroit du président candidat le grand favori de la présidentielle du 18 octobre. Donc il faut y aller à fond. Campagne de reconnaissance et d’accompagnement. Nos universités et institutions d’enseignement supérieur publiques se politisent bien. Elles ne s’idéologisent pas dans les faits. Il n’existe pas d’idéologie dans la politique ethnico-régionaliste guinéenne. Donc les dirigeants des établissements d’enseignement supérieur se rangent du bon côté. Il faut apparaître proche des forts. Ignorer les faibles, les bons Refuser d’apprendre des autres politiques. Ceux qui sont évoluent dans les facultés de droits et de sciences politiques, peuvent arrêter d’enseigner la démocratie occidentale ici. La démocratie de haine et de bedaine nous suffit, d’autant plus qu’elle est soutenue et encouragée vivement par une frange importante de l’élite guinéenne. Les enseignants du pre-universitaire se préparent-t-ils déjà à la suite des jeunes entrepreneurs qui ont payé leur contribution pour la réélection du président candidat ? Rien n’est moins sûr. Et après, les artistes et agents de santé suivront.
Par Jacques Lewa Léno