À l’issue d’un scrutin extrêmement serré, le président ghanéen Nana Akufo-Addo a été réélu avec 51,59 % des voix face à son adversaire politique historique John Mahama, qu’il affrontait pour la troisième fois, selon les résultats annoncés par la commission électorale mercredi. L’opposition a annoncé qu’elle contestait ces chiffres et envisageait de faire appel.
Nana Akufo-Addo à nouveau victorieux de la présidentielle du Ghana. Le président sortant a été réélu avec 51,59 % des voix, a déclaré mercredi 9 décembre la Commission électorale.
Le chef de l’État, leader du Nouveau parti patriotique (NPP), s’est imposé face à John Mahama, candidat de l’opposition du Congrès national démocratique (NDC), qui a recueilli 47,36 % des votes, a annoncé Jean Adukwei Mensa, présidente de la Commission électorale dans une vidéo diffusée en direct sur les réseaux sociaux.
Contestation
Mais mercredi soir, l’opposition a rejeté ces résultats et dit envisager de faire appel de la décision de la Commission électorale. « Les preuves accablantes disponibles nous empêchent d’accepter cette conclusion fallacieuse et précipitée », a déclaré Haruna Iddrisu, un parlementaire du Congrès national démocratique (NDC), après l’annonce par la Commission électorale.
« Nous avons l’intention de prendre des mesures décisives et tangibles, concernant à la fois les résultats de la présidentielle et de élections parlementaires, pour renverser cette attaque éhontée et impudente de notre démocratie », a continué Haruna Iddrisu, lors d’une conférence de presse à Accra.
« Je suis de nouveau profondément touché par la confiance que vous m’accordez et je ne la prends pas à la légère », avait auparavant déclaré le président sortant à une foule de partisans rassemblés devant chez lui après l’annonce des résultats. Le président a aussi appelé à l’unité et à la paix au Ghana : « Le moment est venu, quelles que soient les affiliations politiques, de s’unir, de se donner la main et de se tenir côte à côte. »
« Des incidents »
Lundi, plus de 17 millions d’électeurs étaient appelés aux urnes pour choisir entre douze candidats à la magistrature suprême et élire leurs 275 députés, mais le véritable duel se jouait entre ces deux candidats qui s’affrontaient pour la troisième fois.
Les élections se sont déroulées globalement dans le calme, même si cinq personnes ont été tuées dans des violences électorales, selon la police. « Il s’agissait d’incidents isolés, même si certains sont tragiques », a affirmé mercredi le chef de la mission d’observation de l’Union européenne, Javier Nart. « Les Ghanéens ont voté lundi librement », a-t-il insisté.
Hormis ces violences, l’élection avait été de manière générale saluée comme un exemple en Afrique de l’Ouest, en proie cette année à plusieurs scrutins violents et contestés, notamment en Côte d’Ivoire voisine.
Toutefois, mardi soir, l’entente cordiale entre les deux candidats qui ont signé un « pacte de paix » les engageant à ne cautionner aucune violence lors du vote et à la proclamation des résultats, s’est effritée et le ton s’est durci.
Bilan positif
Nana Akufo-Addo bénéficie d’un bilan plutôt positif sur le plan diplomatique et social avec la création de lycées gratuits et un meilleur accès à l’éducation pour tous. Mais le chômage des jeunes a été un enjeu central dans cette campagne. Plus de la moitié des électeurs ont moins de 35 ans.
Depuis les années 2000, ce pays riche en or, cacao et plus récemment pétrole, a connu une des plus fortes croissances au monde. Mais certaines régions continuent de vivre dans le plus grand dénuement et la crise provoquée par le coronavirus a durement touché le pays, dont la croissance cette année devrait tomber à 0,9 %, selon le FMI, soit le taux le plus bas depuis plus de 30 ans.
De son côté, John Mahama, considéré comme avenant et proche du peuple, devra faire oublier les accusations de mauvaise gestion économique qui avaient empêché sa réélection.
Par France24 avec AFP