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Trois migrants morts et des dizaines disparus après un naufrage en Méditerranée

Trois migrants ont péri et des dizaines sont portés disparus entre la Libye et l’Italie après le naufrage vendredi de leur embarcation, dont 16 passagers ont été secourus par des pêcheurs, dans une zone quasiment désertée par les secours. Ce naufrage dans les eaux internationales au large de la Tunisie intervient alors que les navires de secours européens se sont retirés de cette zone de passage des migrants et que la plupart des bateaux humanitaires rencontrent des difficultés pour y accéder.

Trois migrants ont été retrouvés noyés, ont indiqué à l’AFP les autorités tunisiennes. Un bateau de pêche a, lui, sauvé 16 des passagers, a indiqué le porte-parole du ministère de la Défense Mohamed Zekri, précisant que selon les rescapés, 60 à 70 Africains subsahariens se trouvaient à bord.

L’embarcation est partie jeudi de Zouara, ville côtière de Libye, à 120 km à l’ouest de Tripoli, selon la même source, et se trouvait à 60 km au large de Sfax, ville côtière du centre de la Tunisie. Les passagers tentaient de rejoindre illégalement l’Italie, d’après le porte-parole du ministère de l’Intérieur tunisien, Sofiène Zaag.

Les rescapés ont été transférés à bord de l’une des trois unités militaires tunisiennes qui participent aux opérations de recherches, a précisé M. Zekri, ajoutant qu’un hélicoptère maltais était également mobilisé.

« Politiques restrictives »

Le Forum tunisien des droits économiques et sociaux, une ONG tunisienne, a aussitôt condamné une « tragédie humaine » qui est « le résultat inévitable des politiques restrictives et inhumaines de l’Union européenne ».

Depuis la mise en place mi-2018 d’une zone de secours et de sauvetage confiée aux autorités libyennes, les garde-côtes libyens sont chargés de récupérer les migrants en détresse. Ils ont intercepté plusieurs centaines de migrants cette semaine qu’ils ont ramenés en Libye, malgré les violents combats en cours dans ce pays frontalier de la Tunisie.

Les agences de l’ONU et organisations humanitaires rappellent régulièrement leur opposition à ce que les migrants arrêtés en mer soient ramenés en Libye, où ils se retrouvent placés « en détention arbitraire » ou à la merci de milices.

Les navires humanitaires, qui dénoncent des entraves croissantes à leur action, sont de moins en moins nombreux à parcourir la zone. Fin 2018, les ONG Médecins sans frontières (MSF) et SOS Méditerranée ont dû mettre un terme aux opérations de leur bateau, l’Aquarius. Plusieurs autres navires humanitaires occidentaux ont été bloqués à quai après des procédures administratives ou judiciaires.

Le Mare Jonio, affrété par un collectif italien de gauche et seul navire humanitaire présent dans la zone jeudi, a secouru ce jour-là d’autres migrants partis de Libye. Des opérations de secours ont également placé certains navires commerciaux en difficulté.

A l’automne, six pêcheurs tunisiens avaient été emprisonnés en Italie pendant près d’un mois, soupçonnés d’aide à l’immigration clandestine pour avoir remorqué une embarcation de migrants qu’ils considéraient comme en déroute jusqu’aux eaux territoriales italiennes, près de l’île de Lampedusa.

De son côté, la mission militaire européenne Sophia chargée depuis 2015 de lutter contre le trafic d’êtres humains en Méditerranée -ce qui l’a amenée à secourir des migrants- n’a plus de navire dans la zone. Elle a été laborieusement prolongée jusqu’au 30 septembre 2019 mais sans aucun moyen naval, en raison de la difficulté de convaincre les Etats européens à accueillir les migrants secourus en mer Méditerranée.

Selon le Haut commissariat de l’ONU aux réfugiés (HCR), « la Méditerranée est depuis plusieurs années la voie maritime la plus meurtrière au monde pour les réfugiés et les migrants, avec un taux de mortalité qui a fortement augmenté » en 2018.

Aucune donnée officielle n’est disponible sur le nombre de migrants, souvent clandestins, présents en Libye. Ce pays est le point de convergence de nombreux migrants d’Afrique subsaharienne et d’Afrique de l’Est qui veulent gagner l’Europe. Leur nombre est estimé à plusieurs centaines de milliers.

La Libye, en proie au chaos depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011, est plongée dans une nouvelle spirale de violence depuis l’offensive militaire lancée le 4 avril par Khalifa Haftar, homme fort de la partie orientale, pour conquérir Tripoli, siège du gouvernement d’union nationale (GNA) reconnu par la communauté internationale.

AFP

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