Les autorités de transition ont rendu public les résultats de leur « évaluation » des partis politiques. Il ressort que 53 formations politiques ont été dissoutes, 54 ont été suspendues pour une période de trois mois et 67 autres mises « sous observation » pour trois mois pendant lesquels ils devront se mettre en règle, faute de quoi ils seront purement suspendus. Trente-sept ne sont pas évalués.
Parmi les partis placés « sous observation » figurent le Rassemblement du peuple de Guinée ( RPG-arc-en-ciel) de l’ex président Alpha Condé ; l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) de Cellou Dalein Diallo et l’Union des forces républicaines ( UFR) de Sidya Touré.
Ce que dit le rapport
Le ministère de l’Administration du territoire, auteur du rapport justifie les mesures prises par une série de manquements à la législation sur les partis politiques en Guinée : il s’agit entre autres, l’existence d’un bureau en Guinée, la validité de l’agrément ou la transparence de la comptabilité.
Dans le rapport, on évoque la nécessité d' »assainir l’échiquier politique », en rappelant que les défauts de régulation ont eu « pour conséquences de nombreux dérapages dans l’exercice des libertés publiques par les responsables et militants, et des risques pour l’équilibre social de la Guinée ».
A l’occasion de la présentation du rapport ce mardi 29 octobre 2024, la Directrice des affaires politiques du Ministère de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation (MATD) Zenab Camara a déploré que “certains partis utilisent encore le domicile du leader comme siège social et certains n’ont même pas de siège fixe”.
Elle regrette également que le compte bancaire du parti n’ait qu’un seul signataire, souvent le leader lui-même, avec comme second signataire un membre de sa famille proche. A cela, elle déclare que dans certains partis, plus de 80 % des membres du bureau exécutif sont issus de la même ethnie ou de la même région. “ Ce qui est formellement interdit”, dit-elle, indiquant qu’“il est impossible de fermer les yeux sur ces pratiques si le pays souhaite progresser”.
Réaction de la classe politique
Quelques heures après la publication de ce rapport, des réactions se multiplient dans les QG des partis politiques.
Du côté l’UFDG par exemple, son responsable de la communication exprime son étonnement sur les manquements reprochés à son parti. Dans le rapport, il se trouve que l’UFDG n’a pas satisfait sept exigences, or le récépissé qui a été remis aux partis politiques, après l’évaluation, il n’y a une et une seule exigence qui n’a pas été satisfaite, explique Joachim Baba Millimouno. Il réclame des clarifications aux autorités.
Contrairement à l’UFDG, le RPG-arc-en-ciel dit se conformer aux résultats du rapport et s’engage à corriger les manquements, souligne l’ex ministre Marc Yombouno.
Par Alpha Abdoulaye Diallo