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Niger : une délégation de la Cedeao est arrivée à Niamey

La Cedeao, présidée par le chef d’Etat nigérian, Bola Tinubu, n’exclut pas le recours à la force et a donné un ultimatum – jusqu’à dimanche – aux putschistes pour rétablir l’ancien président Mohamed Bazoum, renversé le 26 juillet par des membres de sa garde présidentielle.

Dans un contexte tendu après le coup d’Etat au Niger, une délégation de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) est actuellement à Niamey pour « négocier » avec les putschistes, a déclaré mercredi 2 août l’un des responsables de la Cedeao.

« Le président de la commission de la Cedeao aurait aimé être ici, mais, à l’heure où nous parlons, il se trouve au Niger dans le cadre d’une délégation de haut niveau dirigée par l’ancien chef d’État du Nigeria, le général Abdulsalami Abubakar, en vue de négocier », a déclaré le commissaire de la Cedeao chargé des affaires politiques et de la sécurité, Abdel-Fatau Musah.

Les chefs d’état-major des pays membres de l’organisation intergouvernementale ouest-africaine, qui n’ont pas écarté un recours à la force contre les putschistes, se réunissent jusqu’à vendredi à Abuja, la capitale du Nigeria, pendant qu’un émissaire de la junte nigérienne, le général Salifou Mody, est arrivé au Mali. Une intervention militaire au Niger serait « la dernière option » envisagée par la Cedeao pour restaurer l’ordre constitutionnel mais il faut se « préparer à cette éventualité », a ajouté Abdel-Fatau Musah.

Une semaine pour rétablir l’ancien président

La Cedeao, présidée par le chef d’Etat Nigérian Bola Tinubu, n’exclut pas le recours à la force et a donné une semaine – jusqu’à dimanche – aux putschistes pour rétablir l’ancien président Mohamed Bazoum, renversé le 26 juillet par des membres de sa garde présidentielle. « Nous défendons la démocratie et cela doit continuer. Nous sommes prêts et, dès que nous recevrons l’ordre d’intervenir, nous le ferons », a affirmé lundi sur RFI le chef des armées du Nigeria, Christopher Musa.

En ligne avec les sanctions prises par la Cédéao, le Nigeria a coupé son approvisionnement en électricité au Niger, qui dépend à 70 % de ce voisin sur le plan énergétique.

Le Mali et le Burkina Faso, voisins du Niger dirigés par des militaires après des coups de force en 2020 et 2022, soutiennent la junte et ont affirmé que toute intervention armée serait considérée « comme une déclaration de guerre » et entraînerait leur retrait de la Cedeao.

La junte a par ailleurs accusé lundi la France, ex-puissance coloniale, de vouloir « intervenir militairement », ce que Paris a démenti fermement.

L’Italie et la France ont rapatrié une partie de leurs ressortissants

Pour l’heure, Paris et Rome évacuent leurs ressortissants et les étrangers qui le souhaitent. A la mi-journée, plus de 500 personnes avaient été évacuées, dont 312 Français, à bord de deux des quatre avions prévus par la France. Le rapatriement doit s’achever dans la journée côté français.

« Les opérations d’évacuation du Niger conduites par la France touchent à leur fin », ont signifié les autorités françaises dans un message aux quelque 1 200 Français enregistrés au Niger. Un troisième avion devait décoller et un quatrième étaient en cours d’embarquement, selon l’armée française. C’est la première évacuation massive organisée par la France dans le Sahel où les coups d’Etat se sont multipliés depuis 2020. Paris a justifié l’évacuation par les « violences qui ont eu lieu » contre son ambassade dimanche lors d’une manifestation hostile à la France, et par « la fermeture de l’espace aérien ». L’évacuation des quelque 1 500 militaires français postés au Niger n’est en revanche « pas à l’ordre du jour », selon l’état-major des armées françaises.

L’Italie a évacué vers Rome 68 expatriés. Selon l’agence ANSA, 36 Italiens et 21 Américains en font partie. Un peu moins de 500 ressortissants italiens résident au Niger, dont la plupart sont des militaires. Et l’Espagne a dit à l’AFP travailler à l’évacuation de ses ressortissants, qui sont un peu plus de 70.

En revanche, les Etats-Unis n’ont pas lancé d’opération de ce type et ne parlent pas de « coup d’Etat », estimant qu’il reste encore une « petite fenêtre » pour la diplomatie et le rétablissement du président Bazoum dans ses fonctions. Le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, qui s’était rendu à Niamey en mars, a assuré par téléphone M. Bazoum du « soutien indéfectible des Etats-Unis » qui rejettent « les tentatives de renverser l’ordre constitutionnel ».

Le mouvement M62, à l’initiative d’une manifestation proputschistes, a dénoncé mardi l’évacuation organisée par la France, souhaitant la suspension de certains de ses médias et appelant à un rassemblement « pacifique chaque jour » près de l’aéroport, « jusqu’au départ définitif des forces étrangères » présentes dans le pays.

Pour l’heure « à Niamey, il n’y a pas de tensions particulières en ville, pas de stress particulier, la population vaque à ses occupations », a décrit à son arrivée à Paris un passager qui travaillait pour l’UE au Niger. « A un moment donné, il y a eu une sensation d’insécurité, on savait que tout pouvait basculer », a témoigné, soulagée, Raïssa Kelembho, rentrée du Niger avec ses deux garçons et dont le mari est resté au Niger pour travailler.

AFP

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