C’est un nouveau drame en Méditerranée. Au moins cinq migrants ont trouvé la mort et jusqu’à 20 autres seraient toujours portés disparus, suite à un énième naufrage au large de la Libye, mardi 27 août. Selon la marine libyenne, qui a recueilli le témoignage de rescapés, l’embarcation a chaviré à 120 km de Tripoli.
Les corps sans vie de cinq personnes ont été retrouvés au large de la Libye après le naufrage de leur embarcation, mardi en mer Méditerranée. Il s’agit d’une femme et d’un enfant marocains, ainsi que trois hommes de nationalité marocaine, somalienne et soudanaise. Jusqu’à 20 autres seraient toujours portées disparues ; les recherches en mer se poursuivent, précise la marine libyenne.
Le porte-parole de la marine a indiqué que 65 autres migrants, des Soudanais pour la plupart, avaient en revanche été secourus, avec l’aide de pêcheurs. Les faits ont eu lieu au large de la ville de Khoms, à 120 km à l’est de la capitale, Tripoli. Se basant sur des témoignages des rescapés, le général Ayoub Kacem précise que l’embarcation devait initialement transporter « moins de 90 personnes ».
De très nombreux naufrages ont eu lieu au large de la Libye ces dernières années. Fin juillet, plus de 100 migrants ont péri au large de la ville de Khoms. Avant ce nouveau drame survenu mardi, le Haut Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) et l’Organisation internationale des migrations (OIM) avaient fait état d’au moins 426 personnes mortes depuis le début de l’année en tentant la traversée.
Des milliers de morts anonymes
La Méditerranée est la voie maritime la plus meurtrière au monde. Et cet incident intervient alors que les organisations non gouvernementales n’ont plus le droit de participer au sauvetage des migrants en détresse dans cette mer. Selon une porte-parole de l’ONG Sea Watch, ce nouveau naufrage est donc une nouvelle occasion de constater l’échec de l’Union européenne face à ces drames récurrents :
« C’est un naufrage. On sait qu’il a eu lieu, il y a un comptage des morts. On est au courant de ce qui se passe pour ces personnes, mais on n’est pas du tout au courant de ce qui se passe pour plein d’autres qui continuent de partir de Libye, qui continuent de se noyer. En fait, ce naufrage, c’est le symptôme du manquement des États européens face aux besoins de présence humanitaire sur cette zone. »
Et d’ajouter : « C’est l’échec de l’Europe, une fois de plus. On pourrait aussi arrêter la criminalisation de nos ONG, nous laisser faire notre travail, et travailler ensemble, avec les États européens, à élaborer des solutions, à trouver des dispositifs plus pérennes, à ce qu’il y ait des bateaux qui soient présents sur place pour secourir les personnes et pour qu’il n’y ait plus ce genre de drames. »
Malgré les violences récurrentes depuis 2011, la Libye demeure un important point de transit vers le continent européen pour les migrants fuyant l’instabilité d’autres régions d’Afrique et du Moyen-Orient. « Tous les jours, des personnes partent et meurent, dont on n’entend même pas parler. Ce sont des milliers de morts anonymes qui partent comme ça », martèle la porte-parole de l’ONG Sea Watch.
RFI