Alors que le président sortant pour un troisième mandat contesté, Alpha Condé, est donné vainqueur de l’élection présidentielle, selon les résultats provisoires de la ceni, le vice-président de l’instance électorale Bano Sow, a appelé à « la reprise » partielle ou totale du scrutin en raison d’un certain nombre d’anomalies, dans un rapport.
Refus d’afficher les résultats, manque de transparence dans la remontée des procès-verbaux, disparitions, substitutions ou encore falsifications de PV… Le rapport des commissaires qu’il signe note une « concentration d’anomalies » dans la région de la Haute Guinée, réputée être un fief du pouvoir en place où certains taux de participation oscillent entre 98 et plus de 100%. Peu de bureaux de vote annulés, presqu’aucun bulletin nul dans cette zone rurale avec un fort taux d’analphabétisme, souligne encore le document.
Lors de la totalisation des votes : « Le nombre total de suffrages exprimés ne correspondrait pas à la somme des suffrages obtenus par l’ensemble des candidats », note aussi le rapport qui met en cause la sincérité des résultats et propose tout simplement la reprise du scrutin.
Cité par RFI, Mamady 3 Kaba, le porte-parole de la Céni, qui n’a pas encore consulté le document, y voit une démarche « politique ». C’est trop tard, dit-il, les recours doivent être désormais portés « par les candidats » auprès de la Cour constitutionnelle. Celle-ci disposera ensuite de cinq jours pour les étudier et proclamer les résultats définitifs ou annuler le scrutin.
Il faut rappeler que le principal opposant, Cellou Dalein Diallo, qui est toujours confiné à son domicile, s’est auto-proclamé vainqueur du scrutin avec 53% de suffrages. Contestant les résultats de la commission électorale, le leader de l’UFDG va tout de même saisir la Cour constitutionnelle, même s’il n’attend pas grand-chose d’elle, dit-il.
Depuis lundi, une trentaine de personnes, dont des enfants, ont été tués principalement par balle, comme le souligne Amnesty International, qui dit que les « forces de défense et de sécurité ont tiré à balles réelles sur des protestataires ». Mais le gouvernement réfute ces accusations.
Ce lundi, le front national pour la défense de la Constitution (FNDC) appelle à une manifestation « ininterrompue », jusqu’au départ du président Alpha Condé, qu’il accuse de parjure.
C’est dans ces conditions, qu’une mission internationale est attendue à Conakry pour une médiation. Mais parviendra-t-elle à trouver une solution consensuelle à cette crise ? Ou laissera-t-elle le pays à feu et à sang ? Rien n’est moins sûr.
Par Guinee28