Alpha Condé est dans sa tour de verre, complètement coupé des réalités. Il n’est pas seul, tous ceux qui tournent autour de son pouvoir sont aussi frappés doublement de cécité et de surdité. Ils ont mis le pays en coupe réglée et donc ne veulent en aucun cas perdre leurs privilèges.
Qu’est-ce qui peut arriver à des individus qui tiraient le diable par la queue et qui subitement accèdent au pouvoir en disposant à leur guise de toutes les richesses du pays ? Ils perdent la tête. Vous vous rendez compte, ils ont un accès direct et sans contrôle sur l’argent de la bauxite et les milliers de milliards de nos ressources budgétaires. Ils pillent en toute impunité, pourquoi vont-ils lâcher les mamelles de l’Etat? Aujourd’hui, ils sont les seuls à ne pas comprendre ou à ne pas sentir cette réalité implacable : le rejet viscéral de la personne même d’Alpha Condé. Les Guinéens en ont ras-le-bol de lui et des clans cupides et voraces qui nous sucent comme des sangsues. Ils ne veulent plus de lui au pouvoir au-delà de son dernier mandat en 2020. Tout débat sur l’opportunité d’une nouvelle Constitution est inutile et sans objet, c’est peut-être une réaction irrationnelle, mais, ils ne veulent rien entendre et répondent invariablement aux argumentaires de ses thuriféraires #Amulanfé. Ce mot, devenu emblématique, est le cri de ralliement de tous les opposants au 3ème mandat.
Il n’y a aucun remède miracle pour sauver Alpha Condé, sauf s’il renonce à son irrépressible envie de mourir au pouvoir.
Pourtant, dans le marigot politique guinéen, il était le mieux qualifié politiquement pour sentir l’opinion et faire une lecture lucide de la sourde opposition à toute idée de présidence à vie dans notre pays depuis l’insurrection populaire de janvier -février 2007. Mais, on dirait que l’exercice du pouvoir absolu fait perdre le bon sens à beaucoup de dirigeants en les rendant sourds et aveugles, ils préfèrent, comme je l’ai dit plus haut, s’enfermer dans leur bulle en prenant leurs désirs pour de la réalité.
Ma propre lecture de la situation est la suivante : on n’a pas besoin d’être un volcanologue pour détecter le réveil du volcan populaire dont l’éruption explosive n’attend que l’annonce officielle du référendum sur la nouvelle Constitution. Sa coulée de lave va ravager tout sur son passage en emportant dans un déluge de feu tous les acteurs majeurs du système qui s’activent pour sa pérennité.
Un politique ne doit jamais s’enfermer dans sa tour et se couper des réalités du terrain, notamment lorsqu’il occupe les plus hautes fonctions. C’est en discutant avec mes compatriotes de toutes les conditions que j’ai senti battre le cœur du volcan. Le professeur Alfa Ibrahim Sow me disait qu’on peut parler et écrire autant qu’on veut, mais tant que les masses n’ont pas compris, rien ne se passera. Or, il est clair qu’en ce moment, les masses ont compris, voilà pourquoi, nous devons être sereins sur l’issue inéluctable de la bataille et en même temps nous préparer pour le jour d’après, car cette fois-ci, il est hors de question que des démagogues, des politiciens-girouettes, des opportunistes de tout acabit récupèrent à leurs profits, comme lors de l’insurrection populaire de janvier-février 2007 et du 28 septembre 2009, les fruits de la lutte des vrais combattants de la démocratie et de l’Etat de droit dans notre pays.
Par Alpha Saliou Wann, analyste politique