Un jeune rappeur guinéen soupçonné d’un viol dont les images ont été diffusées sur les réseaux sociaux, en détention depuis novembre, a été remis en liberté provisoire pour raisons médicales, a-t-on appris mercredi de sources concordantes.
Tamsir Touré, 17 ans, avait été arrêté en Côte d’Ivoire où il avait fui après la diffusion en octobre de la vidéo montrant ce qui était apparemment le viol d’une jeune fille sous la menace d’un couteau, des images qui avaient provoqué le mois suivant une manifestation de femmes dans la capitale guinéenne contre l’impunité des auteurs de violences sexuelles.
Rapatrié, il avait été incarcéré à Conakry. Sa défense a présenté le 2 août une demande de remise en liberté provisoire pour raisons de santé devant le tribunal pour enfants « parce que Tamsir est né le 2 février 1999, donc il est encore mineur », a indiqué à l’AFP son avocat, David Béavogui.
Auparavant, « notre client avait bénéficié de deux ordonnances de placement en milieu hospitalier », mais compte tenu de son état de santé et de ses conditions d’hospitalisation, le juge lui a accordé la semaine dernière la liberté provisoire sous contrôle judiciaire, a précisé Me Béavogui.
Le juge a pris en compte les conventions « ratifiées par la Guinée relatives aux droits de l’enfant, le droit à la vie, le droit à la santé et le droit à la survie », a souligné l’avocat, se refusant à révéler de quoi souffrait son client, actuellement admis à l’hôpital Ignace Deen de Conakry, selon lui.
Asmaou Barry, du collectif d’ONG « Touche pas à ma soeur », initiateur de la manifestation du 4 novembre, s’est dite déçue.
« Bien avant cette liberté provisoire, nous avions des informations selon lesquelles Tamsir n’était pas un prisonnier comme les autres », a-t-elle déclaré à l’AFP, évoquant sa participation à des productions musicales ou sa page Facebook le montrant selon elle « dans des lieux huppés ou luxueux qui n’ont rien à voir avec un milieu carcéral ».
« Maintenant, ils ont mis les formes » avec cette décision judiciaire, a-t-elle estimé.
« Nous sommes en concertation, nous ferons une déclaration ou une lettre ouverte adressée au ministre de la Justice parce qu’il a pris des engagements quand nous lui avons remis notre mémorandum » lors de la manifestation, a-t-elle rappelé.
« Aucune plainte ne sera classée sans suite quand ça touche les problèmes de viol ou de violences », avait assuré le ministre, Cheick Sako, promettant la « tolérance zéro en ce qui concerne les violences faites aux femmes ».
Le ministre des droits de l’Homme et des Libertés publiques, Khalifa Gassama Diaby, avait pour sa part relevé « un nombre croissant de viols », déplorant que de tels actes « n’indignent pas la société guinéenne ».
La vidéo « a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase » après une recrudescence des viols et agressions sexuelles, avait expliqué en novembre Asmaou Barry.
Tamsir Touré jouait avec le groupe de rap Banlieuz’Art, populaire en Guinée, qui a pris ses distances lorsque l’affaire a éclaté, assurant ne plus travailler avec Tamsir Touré depuis déjà un certain temps.
Deux autres hommes ont été inculpés de complicité de viol en novembre, le premier pour l’avoir aidé à fuir et le second pour lui avoir prêté l’hébergement où l’agression sexuelle a été commise, en juillet 2015, selon la police.
AFP