La Guinée brûle, Alpha Condé se frotte les mains pendant que la Communauté Internationale fait semblant de regarder ailleurs. Bien sûr, on a entendu ici et là, quelques « voix autorisées » exprimer leur inquiétude et émettre de vagues reproches.
« Les responsables politiques, en particulier les candidats à la prochaine élection présidentielle en Guinée, devraient s’abstenir d’invoquer des affiliations ethniques et d’utiliser un langage provocateur, lesquels pourraient conduire à de la violence, à de la discrimination et à d’autres violations des droits de l’homme », « ont déclaré ce mercredi Michelle Bachelet, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, et Pramila Patten, Conseillère spéciale par intérim pour la prévention du génocide et Représentante spéciale chargée de la question des violences sexuelles commises en période de conflit », selon le bulletin d’’information, ONU info.
C’est peu, c’est du « faire-semblant ». C’est pour cela que ces gens-là sont payés : débiter des poncifs pour faire semblant d’agir. « Ah si seulement, vous saviez combien ces gens-là savent faire semblant ! » disait quelqu’un dont la vie a inspiré un de mes romans. Soyons précis, Mesdames Bachelet et Pratten ! Quel homme politique a invoqué des affiliations ethniques : Sydia Touré, Lansana Kouyaté, Faya Millimono ? Non ! Quel candidat à la présidentielle a utilisé un langage provocateur ? Cellou Dalein Diallo, Ousmane Kaba, Abé Sylla, Makhalé Traoré ? Non, seulement Alpha Condé et ses sbires. Il est facile de nos jours de prouver ce genre de choses.
Ne passez donc pas par quatre chemins, Mesdames ! Donnez-nous le nom du coupable !
Vous savez bien que l’instrumentalisation de l’ethnie est la vieille combine qu’Alpha Condé a trouvée pour arriver illégalement au pouvoir et pour s’y maintenir tout aussi illégalement. Que je sache, ce comportement éhonté, incendiaire, extrêmement dangereux dans une Afrique déjà en voie de dislocation, n’a jamais encouru ni le sermon du Vatican ni la censure de l’ONU.
On se souvient du misérable épisode de « l’eau empoisonnée » qui aurait dû faire rire le monde entier si justement elle n’avait pas et pour longtemps, empoisonné l’atmosphère politique guinéenne. On n’a pas le temps de lister ici toutes les âneries sorties de la tête de cet homme aux origines obscures que pour son plus grand malheur, notre belle Nation a eu la générosité d’héberger. Contentons- nous des plus choquantes, donc, des plus célèbres, celles que personne dans les chancelleries comme dans les rues ne peut prétendre ignorer :
« Un Malinké qui vote pour Lansana Conté est un bâtard ! » Où trouver meilleure allusion ethnique, Mesdames Bachelet et Pratten ?
« La Guinée appartient aux Malinkés, aux Soussous et aux Forestiers ». Mais de quoi se mêle ce fils de cuisinier burkinabé (ou plutôt voltaïque) qui aurait dû naître ailleurs que dans la belle région de Boké ?
« Un Malinké qui vote pour un autre candidat que celui du RPG vote pour Cellou Dalein Diallo ». Sans commentaire.
En ces durs moments de panique électorale, même Madame Condé dont on a tendance à oublier l’existence tant elle est peu présente dans le giron de son mari, s’est jetée sur la piste avec ce ton morbide et haineux typique de la famille.
« Une seule couleur à Kankan, celle du RPG !…Voter pour votre fils ! »
Je préfère m’abstenir de citer ici les autres croque-mitaines de la camarilla qui nous gouverne pour ne pas me salir la bouche. J’invite Mesdames Bachelet et Patten à surfer sur Google si elles veulent en savoir davantage. Qu’elles sachent en tout cas que la violence et la ségrégation n’ont rien d’hypothétique ici ; au contraire, ce sont elles qui servent de roues au système brutal et mafieux d’Alpha Condé.
Il est commode en Afrique de placer toutes les contradictions sous des considérations communautaires. Le tribalisme a bon dos. Ne tombons pas dans ce piège. Ce n’est pas la faute de Kankan si Cellou Dalein Diallo a subi ce qu’il vient de subir c’est la faute d’Alpha Condé. Ce problème est politique, purement politique. A Kankan aujourd’hui comme à Siguiri hier, notre inénarrable professeur tente en usant de la corde du sentimentalisme clanique, de gagner le pouvoir qu’il perdra sûrement dans les urnes. C’est de la manipulation, voilà tout. Ce procédé ignoble qui a déjà coûté cher à l’Afrique au Rwanda, au Libéria, au Kenya et ailleurs risque si on ne le stoppe pas dès à présent, de saigner la Guinée aussi.
Mesdames Bachelet et Pratten savent que toute crise qu’elle relève de la politique ou de la médecine, est précédée de symptômes. Or, justement tous les ingrédients (les paroles comme les actes) du syndrome rwandais sont aujourd’hui réunis en Guinée. Si jamais, il s’y produisait une guerre ethnique ou un génocide, la Cedeao, l’Union Africaine et les Nations Unies ne pourront pas dire qu’elles ne savaient pas. Nous ne sommes plus en 1994, Mesdames, nous sommes en 2020.
Aujourd’hui, l’Histoire est filmée.
Tierno Monénembo, in VisionGuinee.Info