L’enquête préliminaire sur les crimes de sang perpétrés en Guinée lors de la présidence d’Alpha Condé se poursuit. Après l’audition des victimes présumées, c’est au tour des hauts responsables du régime de passer devant les enquêteurs. Une trentaine d’entre eux sont mis en cause dans ce dossier pour des accusations, entre autres, d’« assassinat, torture, viol, séquestration et destruction de biens ».
De source judiciaire, plusieurs membres des équipes gouvernementale et présidentielle d’Alpha Condé ont déjà été auditionnés par la commission mixte d’enquête, dont le secrétaire général de la présidence Kiridi Bangoura, le ministre de la Sécurité Albert Damantang Camara, son collègue de l’Administration du territoire Bouréma Condé, ainsi que les chefs de la police, Ansoumane « Bafoé » Camara et Fabou Camara.
Au total, sont poursuivis 26 responsables du régime, dont Alpha Condé lui-même, exilé en Turquie depuis le putsch de 2021. Tous sont accusés d’avoir joué un rôle dans la répression des manifestations pendant les deux mandats de l’ex-chef d’État, notamment en 2020, durant la contestation contre son troisième mandat.
Me Thierno Souleymane Baldé représente plus de 260 familles et parents de victimes présumées. « Il y en a certains, décrit-il, qui ont encore à ce stade des balles à l’intérieur de leur corps. Ils n’ont pas pu avoir les moyens financiers pour subir une opération chirurgicale qui permettrait de faire sortir les balles. Beaucoup d’entre eux n’ont aucun soutien de leur famille, puisque les enfants qui les aidaient ont été assassinés. Beaucoup aussi de ces victimes travaillaient soit dans leurs boutiques, dans leurs magasins, et tout à coup, il y a eu […] la police venue détruire tous leurs biens, ils se sont retrouvés sans rien du tout. Ce sont des histoires très tristes. »
Selon les ONG, les partis d’opposition et les organisations de la société civile, plus de 200 personnes ont été tuées durant la présidence d’Alpha Condé entre 2011 et 2021.
RFI