Au début des années 1990, la zone CEDEAO a eu l’expérience démocratique la mieux aboutie comparativement à la zone CEMAC par exemple.
Trois pays membres de la CEDEAO font de la résistance : la Guinée, le Mali et le Burkina Faso. On dirait bien que la Guinée et le Mali sont irrémédiablement marqués par leur parcours marxisant et le Burkina Faso détient le record des coups d’Etat militaires. Il est donc tout à fait compréhensible que leurs élites soient sensibles au discours panafricaniste, comprenez anti-français.
Quand vous quittez Conakry pour venir à Abidjan ou Dakar, vous saurez vous-même qui de Sékou Touré, Houphouët Boigny ou Léopold Sédar Senghor avait eu raison.
Aujourd’hui, les néo-panafricains doivent savoir que personne ne respecte le pauvre qui, à la rigueur suscite un sentiment de pitié. Un État-mendiant ne peut-être souverain.
C’est Houphouët Boigny qui a raison quand il dit : « Ce que veut l’Ivoirien, c’est le partage de la richesse et non de la misère. Et pour ce faire, il doit, avant tout, contribuer créer ces richesses».
Les puissances occidentales ne respectent-elles pas le Japon, la Corée du Sud, Singapour et la Chine? Et tous ces pays se sont appuyés sur l’Occident, dominateur et méprisant à leur égard, pour se développer afin de devenir à leur tour des puissances industrielles majeures.
Nous nous mettons la charrue avant les bœufs : par des slogans et des pancartes vouloir chasser de nos terres les occidentaux pour se faire respecter alors qu’on est incapables d’assurer notre autosuffisance alimentaire.
La France est notre bouc émissaire le plus commode pour cacher l’incompétence de nos dirigeants. C’est le pouvoir qui les intéresse, pas le développement de leurs pays.
Pourquoi les investisseurs occidentaux boudent la majorité des pays du continent africain pour les pays asiatiques ? À cause de l’insécurité juridique, de l’imprévisibilité des politiques économiques et de l’instabilité politique.
Nous ne respectons pas nos Constitutions et nos lois. Les hommes sans parole sont détestables.
Nous étions d’accord avec nos lois qui disposent clairement que l’armée n’a pas pour vocation à diriger l’État et que sa mission consiste à défendre l’intégrité territoriale du pays.
En Guinée, c’est l’armée qui a toujours été l’instrument docile au service du pouvoir pour opprimer les populations.
En ce qui concerne les putschistes maliens et burkinabé, le Nigéria a démenti leur argument sécuritaire pour justifier leur prise illégale du pouvoir. Les militaires nigérians n’ont pas interrompu la démocratie en s’emparant du pouvoir pour faire face au risque Boko haram. Cette grave crise sécuritaire d’une rare violence n’a pas affaibli, voire détruit les institutions démocratiques du Nigéria, ce qui est l’objectif des terroristes de Boko haram.
Un coup d’Etat aurait ruiné tous les efforts du peuple nigérian pour faciliter la transmission pacifique du pouvoir. C’est de cette souveraineté populaire qu’il s’agit et non de cette construction démagogique d’une souveraineté confisquée par un petit groupe d’individus au nom de tout un peuple.
C’est l’histoire qui se répète. Nous savons tous que la période des années 1960-1980 représente les décennies perdues pour l’Afrique en raison de l’instabilité politique installée durablement par les coups d’Etat militaires. Aucun miracle n’est possible, le reste du monde se passera bien de nous en nous laissant nous empêtrer dans nos contradictions.
Comme naguère leurs aînés, les juntes actuelles ne sont animées d’aucune ambition pour leurs pays, sauf de jouir du pouvoir.
Si la Guinée Bissau, le Sierra Leone, le Libéria et le Niger tiennent bon, ça renforcera la solidité démocratique de l’espace CEDEAO. La Guinée, le Mali et le Burkina Faso sont les États-parias, les moutons noirs de la CEDEAO. C’est le message que cette zone doit envoyer à la communauté internationale pour préserver ses acquis démocratiques et continuer à attirer les investisseurs internationaux afin de booster ses économies dont l’intégration est un atout exceptionnel.
Par Alpha Saliou Wann