En guise de cadeau de fin d’année, le chef des putschistes a accordé à l’ex-président et homme du 3e mandat, – sur engagement de la Cedeao – le droit de sortir du pays pour une durée «n’excédant pas un mois, sauf l’avis contraire de ses médecins traitants». Reviendra, reviendra pas?
Le moins que l’on puisse souligner est qu’Alpha Condé a son permis de quitter le pays. Sans avoir été jugé condamné ou innocenté pour les présumés crimes de sang et crimes économiques qui lui sont attribués. Il s’en ira comme un colis encombrant, bon pour la déportation. Il ne connaîtra pas le même sort que les nombreuses personnes qu’il a fait directement ou indirectement condamner à périr sous les coups de la torture, de tirs à balle réelle, de gaz lacrymogène, d’humiliation collective, de viol devant maris et enfants, d’immolation au feu à Galapaye, d’expédition punitive à Zogota, à Saoro, à Koulé, à Nzérékoré, dans les quartiers de l’axe Hamdallaye-Bambéto-Kagbélen, d’emprisonnement à Coronthie, d’internement à Soronkoni, d’exil à l’étranger, etc. Sur le chemin de la déportation et jusqu’à la fin de temps, Alpha Condé emportera avec lui et sur ses frêles épaules l’autre colis de la responsabilité d’avoir choisi de s’éterniser au pouvoir à la fin de ses deux mandats successifs durant lesquels il a contribué à opposer comme jamais ses compatriotes les uns aux autres et d’envoyer en enfer une partie des membres de la communauté nationale. Tout cela, au mépris de la constitution qu’il avait juré d’être le premier défenseur.
Le communiqué du Comité national du rassemblement pour le développement (Cnrd) annonçant cette décision du président de la Transition a été publié dans la soirée du vendredi, 31 décembre 2021. Il a souligné que le Cnrd affirme avoir accepté d’autoriser l’ancien président Alpha Condé à sortir du pays pour des soins médicaux pour une période n’excédant pas un mois, sauf l’avis contraire de ses médecins traitants, après un engagement de la Cedeao (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest), en date du 23 décembre consistant à le mettre à la disposition des nouvelles autorités du pays.
A 83 ans, le président Alpha Condé a été débarqué du pouvoir le 5 septembre 2021 par la junte dirigée par le le colonel Mamady Doumbouya. Il avait exercé deux mandats successifs et était à son huitième mois du sexennat acquis après avoir modifié la constitution en mars 2020. Le nouveau maitre du pays, l’ancien légionnaire français devenu commandant du Groupement des forces spéciale, Colonel Doumbouya, l’a placé sous résidence surveillée au palais présidentiel Mohamed V, à Kaloum, puis à la résidence officielle de l’ancienne Première dame Djène Kaba Condé, sise à proximité de l’hôtel Millenium à Landéah, commune de Dixinn, en banlieue de Conakry. La décision de le laisser se faire soigner le pied et le torse à l’étranger lui garantit un aller, mais pas un retour dans un temps si proche comme le prétend le communiqué du Cnrd. Ce qui veut dire que la Cedeao a atteint son objectif de libérer l’otage du colonel Mamady Doumbouya en parlant une langue étrangère à l’oreille du Cnrd.
Bonne nouvelle pour le respect des Droits de l’homme dans l’espace Cedeao. Mais triste fin pour l’homme qui se prenait à la fois pour le Mandela et le nouveau Obama de la Guinée de terminer son règne dans un hamac de honte. Lui qui a coupé le cordon ombilical le liant à sa mère patrie pour devenir un encombrant «colis» bon pour la déportation comme ce fut le cas pour le tristement célèbre Mansa Djenkè Wali Sanè de Tourban Tansala et les autres roitelets d’ici et d’ailleurs qui se donnaient droit de vie et de mort sur les enfants d’Adam et Eve.
Par Le Populaire