À cinq jours d’une élection présidentielle historique mais contestée, une mission d’envergure de la CEDEAO a débarqué à Conakry ce mardi. Si l’organisation déploie 120 observateurs pour garantir la transparence du vote du 28 décembre, l’absence des principaux ténors de l’opposition pèse lourdement sur la crédibilité du scrutin.
L’heure de vérité approche, mais elle laisse un goût d’inachevé. Ce mardi, le Dr Abdoulie Janneh et l’Ambassadeur Abdel-Fatau Musah ont officiellement lancé la mission d’observation de la CEDEAO. Un déploiement massif qui intervient alors que la scène politique guinéenne est plus fracturée que jamais.
Un scrutin sans les « poids lourds »
C’est le point d’ombre de ce rendez-vous électoral : la liste des neuf candidats validés par la Cour suprême ne comporte aucune des figures historiques de l’opposition. Cellou Dalein Diallo (UFDG) et Sidia Touré (UFR), tous deux en exil, ainsi que les partisans de l’ancien président Alpha Condé, sont les grands absents de cette course.
L’opposition dénonce un « verrouillage » du processus, critiquant la candidature du Général Mamadi Doumbouya, qui brigue le suffrage universel après avoir dirigé la transition entamée en 2021. Pour de nombreux observateurs, le défi de la CEDEAO ne sera pas seulement technique, mais politique : comment valider un scrutin dont une partie majeure de l’électorat se sent exclue ?
Un dispositif sous haute surveillance
Malgré ce contexte électrique, la CEDEAO mise sur la présence physique pour rassurer. Ce sont au moins 120 observateurs dont des parlementaires, magistrats et experts qui seront dépêchés dans les bureaux de vote.
« L’observation demeure le meilleur moyen de s’assurer que les élections se déroulent de manière libre et transparente », a insisté le Dr Abdoulie Janneh, rappelant que la mission produira un compte rendu objectif dès le lendemain du scrutin.
L’enjeu : la fin de l’exception guinéenne
Pour l’Ambassadeur Abdel-Fatau Musah, l’objectif reste le retour à l’ordre constitutionnel. La Guinée, suspendue des instances de la CEDEAO après le putsch de 2021, joue ici sa réintégration. « Ces élections marqueront l’aboutissement du processus de transition », a-t-il affirmé.
Mais entre les promesses de transparence de la CEDEAO et les griefs d’une opposition muselée, le vote du 28 décembre s’annonce comme un test de survie pour la démocratie guinéenne.
Par Mariam Bâ



