Plongée dans un scandale de détournement présumé de 200 milliards de francs guinéens, la ministre de l’Enseignement technique, de la formation professionnelle et de l’emploi, Zénab Nabaya Dramé, a décidé d’ester en justice trois journalistes.
Il s’agit de Youssouf Boundou Sylla, coordinateur général de Guineenews, Moussa Moïse Sylla, Directeur du site Inquisiteur ; et Ibrahima Sory Traoré, également Directeur du site Guinee7.
Les trois confrères sont cités à comparaître le mardi15 décembre prochain, à 8 heures, au tribunal de première instance de Kaloum
Ils sont poursuivis pour « diffamation sur la personne, l’honneur et la dignité de femme de madame Zénab Dramé ».
Il faut rappeler que ce dossier dit de « Nabayagate » et qui agite le pays depuis environ dix jours, a été révélé par nos confrères de Guinéenews. L’information a ensuite été relayée par l’ensemble de la presse guinéenne, mais ces deux autres sites, Inquisiteur et Guinee7, ont apporté de nouveaux éléments dans l’affaire, enfonçant d’avantage la ministre.
Le démenti du gouvernement
Alors que tout le monde attendait l’ouverture d’une « enquête sérieuse » sur ce dossier, Kassory Fofana et son équipe ont vite pris la défensive de dame Zenab Nabaya Dramé. Cette dernière a, non seulement obtenu la solidarité du gouvernement, mais elle a été « blanchie » aussi par le premier ministre qui a « formellement » démenti la semaine dernière « un scandale financier impliquant un ministre en fonction ».
Ces « allégations sans fondement, ni preuves avérées de détournements de deniers publics par des fonctionnaires et agents de l’Etat, sont de nature à ternir l’image, la réputation, la crédibilité et la légitimité de l’institution présidentielle et du Gouvernement », disait-il, ajoutant que « de telles conjectures jettent le doute dans l’opinion et causent un énorme préjudice aux institutions nationales et personnalités publiques ».
Menace contre la presse
Face à ce scandale qui met mal à l’aise le régime d’Alpha Condé, déjà fragilisé et décrédibilisé à l’international par les contestations meurtrières contre le troisième mandat, le gouvernement décide plutôt de prendre le bâton contre les journalistes. Ceci, non seulement pour éteindre le dossier, mais aussi installer la peur chez les médias qui se hasarderaient encore à fouiner dans les affaires publiques et leurs gestions opaques.
« Le Gouvernement de la République, afin d’éclairer la lanterne publique et lever toute équivoque, à propos des faits allégués, se réserve le droit de saisir, au tour de cette affaire montée de toutes pièces, la Haute autorité de la communication -HAC-, pour interpeller les professionnels des Médias, à propos de la diffusion de fausses informations. La justice pourrait être aussi saisie pour identifier, à des fins de poursuites judiciaires, toutes les potentielles sources de désinformations », menaçait Kassory Fofana. Menace qui est bien en exécution avec donc la convocation de nos confrères. Qui sera le prochain ?
Par Alpha Abdoulaye Diallo