François Mitterand disait que l’opposition, c’est fait pour s’opposer. Je suis d’accord avec lui, point besoin d’une opposition molle ou de cette trouvaille guinéenne que certains appellent opposition constructive.
La Guinée a besoin d’une opposition forte, tranchante, débarrassée de toute ambiguïté, d’autant plus qu’Alpha Condé est tout sauf un républicain. Être républicain, c’est de croire et de respecter les valeurs républicaines. Or, Alpha Condé n’a fait que fouler au pied la Constitution et les lois de la République depuis le jour de sa prestation de serment devant les membres de la Cour constitutionnelle. On discute ou on collabore avec un président qui respecte la Constitution et les lois. Dès lors qu’il manifeste du mépris pour notre Loi suprême, nous n’avons d’autre choix que de le combattre énergiquement jusqu’à ce qu’il soumette au droit. Il faut rappeler aux dirigeants Guinéens, qu’un Etat fort, est un Etat qui est soumis au droit.
Les africains oublient que le cœur du mal de l’Afrique, c’est le refus des dirigeants de respecter le droit. C’est ce qui fait que, hormis le secteur minier, les occidentaux et maintenant les pays émergents avec la Chine en tête, investissent peu dans les autres secteurs économiques porteurs de croissance pour le continent, en raison notamment du risque juridique. Nos Etats sont soumis aux fluctuations des prix des matières premières qui échappent à leur contrôle. Les investisseurs préfèrent les pays stables qui savent respecter les termes des contrats et donc où les lois sont appliquées. Les marchés n’aiment pas les incertitudes caractéristiques des pouvoirs africains.
Les Guinéens doivent donc faire le lien entre l’amélioration de leurs conditions de vie et le respect par les dirigeants des lois du pays. En 60 ans, nous voyons bien où nous ont mené ces potentats exerçant un pouvoir absolu sur nous.
L’opposition n’aurait pas dû transiger sur le strict respect des lois de la République. Il ne saurait exister un quelconque consensus au dessus de la Constitution. Aucun chantage ne doit nous contraindre à céder sur les principes fondamentaux de la démocratie et de l’Etat de droit.
Le SLECG nous a prouvé que la fermeté paye. J’espère bien que les enseignants seront encore plus déterminés pour obtenir huit millions de francs comme salaire de base face à un pouvoir qui dilapide nos deniers publics. Je préfère de loin que les recettes budgétaires du pays soient dépensées en salaires que de s’évaporer dans la nature au profit d’une petite caste de dirigeants voraces et égoïstes.
Dans la loi de finances rectificative de 2017, le montant total des dépenses est de 15.812,1 milliards de francs, les dépenses du personnel 3.600,5 milliards de francs, soit 22,7% et le reste est reparti en dépenses de Biens et services, de Transferts, d’investissements et de charges de la dette. A part les charges de la dette et les dépenses de personnel (hum on n’a aussi les fictifs), toutes les autres dépenses sont des prétextes à enrichissement des élites dirigeantes du pays. C’est pourquoi, je suis favorable à l’augmentation substantielle de la part des salaires, donc que le SLECG reste inflexible sur leur revendication, quitte à ce que le premier ministre, Kassory Fofana, se débrouille pour diminuer pour une fois leurs dépenses. Qu’il s’entende avec leur gourou le FMI et les équilibres macroéconomiques qui ne nous ont rien rapporté depuis le début de l’éternel programme d’ajustement structurel en 1985. Ce qui est certain, nos recettes fiscales permettent de satisfaire largement les revendications salariales des enseignants, pour le reste que le gouvernement serre les vis de ses dépenses. Nous ne devons pas continuer à les engraisser comme des oies pour préparer le foie gras. En 2017, les dépenses d’investissements étaient de 4.785,2 milliards de francs, où sont les traces de ces investissements publics ?
Après l’échec des centrales CNTG/USTG et des Forces sociales sur la baisse du carburant, nous attendons le SLECG pour relever le défi devant un gouvernement arrogant, liberticide, qui ne lésine pas sur les moyens pour mener un train de vie coûteux pour les contribuables.
Par Alpha Saliou Wann