Au lieu d’organiser méthodiquement le Programme national du recensement administratif à vocation d’état civil (PN-RAVEC), il en délègue désormais l’exécution aux syndicats du transport.
Faute d’infrastructures solides, de dispositifs de proximité et de campagnes de sensibilisation dignes de ce nom, le ministre invente une solution expéditive : transformer les gares routières en commissariats d’état civil improvisés.
D’un ton martial, Mory Condé intime aux syndicats de refuser l’accès à tout passager non recensé à partir du 10 mai prochain, comme s’il suffisait d’un ordre hâtif pour résoudre les carences criantes du système administratif guinéen.
Que fait-on face aux risques évidents d’abus, d’affrontements ou de corruption qui découleront de cette consigne improvisée ? Rien. Le ministre n’en dit pas un mot.
Plus grave encore, cette communication infantilise la population en la menaçant plutôt qu’en l’éclairant.
Au lieu donc de fournir d’explication claire sur l’intérêt du recensement ou d’employer une pédagogie sur les droits liés à l’état civil, le ministre laisse entendre que désormais “ sans récépissé, pas de voyage “.
Cette approche autoritaire, digne des bureaucraties les plus paresseuses, risque de produire exactement l’effet inverse de celui escompté : la défiance, la désobéissance, et un chaos généralisé dans les transports. Car on ne construit pas une nation responsable à coup d’injonctions précipitées. On la bâtit sur l’adhésion, la confiance et la compréhension.
À force de fuir leur rôle fondamental d’organisateur et de pédagogue, les autorités risquent de perdre non seulement la bataille du recensement, mais aussi celle de la crédibilité institutionnelle.
Par Alpha Binta Diallo, Journaliste
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