spot_img
spot_imgspot_imgspot_img

Qui alors pour être le rempart du CNRD ? (Ahmed Tidiane Diallo, journaliste)

Les Guinéens ont écouté avec acuité le plaidoyer du ministre Secrétaire général à la présidence guinéenne, le Général Amara Camara, au sujet de la prochaine candidature du président de la transition. Cette déclaration intervient à l’occasion d’une marche dédiée à l’unité et à la paix, en soutien aux réformes du président de la transition, qui s’est tenue à la place des martyrs de Kankan.

Désormais, les Guinéens sont édifiés sur la fameuse campagne publicitaire entourant la candidature (probable) du président de la transition. En effet, certains marchands soutiennent que « la seule alternative pour garantir le rassemblement des Guinéens et l’élan du développement est la candidature du général Mamadi Doumbouya ».

Cela rappelle un parfait exemple sous le règne du Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD), dirigé par le Capitaine Moussa Dadis Camara en 2009. À cette époque, son ministre Secrétaire permanent, le Colonel Moussa Keita, avait déclaré lors d’une rencontre : « Dadis ou la mort ». Cette sortie de M. Keita avait alors éclairé les Guinéens sur le projet qui se peaufinait autour de la prochaine candidature de Moussa Dadis Camara.

De plus, des campagnes similaires ont ressurgi sous le deuxième mandat du président Alpha Condé. En effet, un référendum forcé a été organisé pour entériner le coup d’État constitutionnel de son troisième mandat. Cela a permis à Alpha Con-dé, comme le disait son entourage, « de reprendre un premier mandat sous la 4ème république ».

Ainsi, pour la énième fois, les mêmes causes ont produit les mêmes effets. Cependant, les membres du Conseil national du rassemblement pour le développement (CNRD) semblent plus malins. Ils tirent des leçons des échecs du passé afin d’éviter de commettre les mêmes erreurs, à l’instar de ce qu’avait fait le Comité militaire de redressement national (CMRN) sous la direction de Général Lansana Conté, qui avait su s’éterniser dans le Koudaïsme.

Actuellement, le Général Mamadi Doumbouya demeure muet, tout comme Alpha Condé l’avait été jusqu’à la fin de son deuxième mandat pour acter sa trahison.

Pourtant, l’opposition guinéenne avait cru à une lueur d’espoir à l’arrivée du CNRD au pouvoir, suite à un putsch le 5 septembre 2021. La classe politique était persuadée que les cartes allaient désormais être redistribuées équitablement.

Néanmoins, leur enthousiasme a été de courte durée. Au fil du temps, les opposants ont compris que la politique menée par le CNRD depuis leur prise de pouvoir leur était hostile. Ils se voient donc contraints de retourner à leurs positions de combattants, prêts à redresser à nouveau leurs griffes dans une bataille sans prix et sans merci.

Dès lors, de quoi l’opposition doit-elle s’atteler ? Devront-ils retourner au combat pour prouver leur audace et leur détermination à conquérir le pouvoir ? Ne serait-il pas préférable d’éviter de tomber dans la gueule du loup, en attendant de planifier leur retour stratégique ? Le CNRD a-t-il acté la mort politique de l’opposition ?

Cellou Dalein Diallo de l’Union des forces démocratiques de Guinée, Sidya Touré de l’Union des forces républicaines, Lansana Kouyaté du Parti de l’espoir pour le développement national, et bien d’autres, ne représentent-ils pas les principaux obstacles au régime Doumbouya, empêchant ainsi la transition de se focaliser sur la refondation ?

La politique dictera, de toute évidence, à ses disciples quelle est la voie à suivre.

Le souhait ardent de la gouvernance Doumbouya est de passer à la vitesse supérieure afin de dépasser la période transitoire, qui représente le plus grand obstacle à son programme. En agissant ainsi, la gouvernance Doumbouya  cherche  à se légitimer dans une démarche despotique au nom de la démocratie.

Le combat du président de la transition et du CNRD a presque accompli les grands chantiers de sa politique. Il a poussé les leaders politiques à l’exil, intimidé les partis d’opposition, muselé les médias les plus influents et emprisonné des leaders d’opinion. En conséquence, le Général Mamadi Doumbouya pourra enfin se concentrer sur ses priorités.

Cependant, est-il vraiment possible d’imposer des coercitions au nom d’une marche pour l’unité et la paix, tout en espérant obtenir la quiétude dans un pays qui a passé plus d’un quart de siècle à la recherche d’une démocratie stable ?

Les Guinéens doivent se préparer à des moments de turbulences si les autorités persistent à rejeter la cohabitation avec leurs opposants, laissant ainsi place à des tensions susceptibles de déchirer le tissu social, surtout si les forces en présence ne sont pas équitables.

Par Tidiane Diallo, journaliste

tidiani83@gmail.com

guinee28
guinee28https://guinee28.info/
Guinee28.info est un site d’informations générales et d’analyses sur la Guinée. Il couvre au quotidien l’actualité en toute indépendance et impartialité. Il offre aussi à ses lecteurs un débat d’idées, favorisant l’établissement d’une culture démocratique. Vous êtes annonceurs ? Vous voulez publier un article sponsorisé ? Nous contacter: alfaguinee28@gmail.com

Les plus populaires

Articles Liés