Il est humble et ne se lasse pas de saluer les passagers même quand il ne les connait pas. Il n’hésite pas non plus de descendre de sa voiture et poursuivre à pied son long chemin dans les plaines de Timbi-Madina, son village natal. Portrait de Moussa Para Diallo, le paysan que la France a accordé en 2012, la croix de Chevalier dans l’ordre du Mérite agricole.
Aujourd’hui, si Timbi Madina offre l’image d’une ville, cela n’est pas un fruit du hasard, c’est la volonté de ses fils, particulièrement d’un homme, Moussa Para Diallo, président de la Fédération des Paysans du Fouta Djallon (FPFD) et président de la Confédération Nationale des Organisation Paysannes de Guinée (CNOP-G).
Agronome de formation, ce sexagénaire a vite compris que l’avenir est dans la terre. Après un bref passage dans l’administration, il s’est engagé d’abord dans l’entreprenariat en assurant notamment la distribution du pain, la fourniture des briques et la production maraichère sur de petites surfaces.
« Depuis mon jeune âge, j’avais une passion pour l’agriculture. Certes cette ambition n’est pas un fait du hasard du fait que c’était l’activité que pratiquaient mes parents proches et lointains. Outre cet héritage historique, j’ai eu la chance d’aller à l’école et j’ai préféré faire des études agronomiques à la place d’autres filières. Suite aux travaux pratiques que j’ai effectués durant le cycle scolaire, j’ai été persuadé qu’il était possible de réussir dans ce secteur. De façon concrète, j’ai senti qu’il y avait une carte à jouer en s’engageant dans le domaine puisque les marges de progression existaient non seulement au plan professionnel mais aussi économique ».
Aujourd’hui, il cultive la pomme de terre en rotation avec les cultures de maïs et du riz pluvial. Grâce à son courage qui lui vaut un renommé international, il exploite chez lui 120 ha pour une production de près de 35.000 tonnes par an, vendue en Guinée et dans la plupart des pays voisins comme au Sénégal, ou en Sierra Léone. Un exploit qui a émis aussi bien dans notre pays qu’en dehors des ses frontières.
En 2012, sur proposition de l’Ambassade de France en Guinée et de l’Agence française de développement à Conakry, le ministre de l’Agriculture français de l’époque, Stéphane Le Foll a décidé par arrêté en date du 31 juillet 2012 d’accorder à Moussa Para Diallo, la croix de Chevalier dans l’ordre du Mérite agricole.
‘’Ce grade lui a été conféré en reconnaissance des services rendus à l’agriculture pendant plus de trente ans’’, avait déclaré l’Ambassadeur de France en Guinée d’alors, Bertrand Cochery, à l’occasion de la cérémonie de remise du trophée, le 19 janvier 2013, à Timbi Madina, au cœur du Fouta Djallon.
Détenteur du Prix de réussite Agricole et celui de meilleure Organisation Paysanne de Guinée, Moussa Para Diallo, marié et père de 4 enfants, a participé à diverses rencontres notamment à la préparation du Projet National du Service Agricole pour la Guinée, à la réunion des Organisations Paysannes sur la Désertification en Afrique de l’Ouest, à celle d’Annecy Europe-Afrique sur la mondialisation, aux Journées Nationales d’Afdi, à la campagne Carême organisé par le CCFD-Terre-Solidaire, à la Conférence Internationale de la pomme de terre au FNSEA…
Il a également été membre du Conseil Economique et Social de Guinée, du Conseil National de la Transition (CNT) et du patronat guinéen.
Excellent entrepreneur, au-delà de sa passion d’agriculteur, Para Diallo ne déteste pas non plus l’élevage et l’éducation. Bien au contraire, il détient aussi une ferme avicole, un petit noyau d’élevage bovin et un groupe scolaire.
Par ailleurs, il est l’auteur d’un livre intitulé «l’Afrique qui réussit » avec Jean Vogel et un deuxième qui vient de paraître en décembre 2018, édité et publié en partenariat avec les Editions Universitaires Européennes (EUE) portant sur « L’Expérience de la FPFD dans l’Insertion Socio Professionnelle des Jeunes ».
Son secret de réussite ?
« Je suis petit de taille mais je ne veux pas de tout ce qui est petit », disait-t-il tantôt dans un entretien avec la BBC. Mais quand on lui demande quel est le secret de son réussite, il répond : « Je ne sais pas si ça vaut être appelé un secret ou quoi d’autre. Ce qu’il faut noter que je ne fonctionne pas avec demi-mesure, c’est-à-dire, quand je suis convaincu d’une chose et que je m’engage à la faire, j’y vais à fonds, sans contour, ni détour. J’essaye d’imprimer une certaine rigueur à ma personne et à mes collaborateurs. A titre d’exemple, le respect de l’heure, quand je prends un rendez-vous, avec n’importe qui, et n’importe où, le retard ne viendra pas de mon côté. Autre précision, une réussite n’est jamais personnelle. Elle est le fruit du travail d’équipe. »
A-t-il des ambitions politiques ? « Pas pour le moment », confie Moussa Para Diallo, comme quoi, il ne faut jamais dire jamais.
Par Alpha Abdoulaye Diallo