Il y a un an jour pour jour, ce 1ᵉʳ décembre, que des dizaines de personnes ont perdu la vie durant un match de football à Nzérékoré. Lors de la finale d’un tournoi organisé à la gloire du général Mamadi Doumbouya, le stade archisaturé de la capitale de la région forestière a été le théâtre d’une bousculade meurtrière.
Le bilan du gouvernement guinéen s’élève à 56 morts, mais les ONG de la région estiment qu’il dépasse les 140 morts. Malgré les plaintes déposées par les familles de victimes, un an plus tard, ni la justice guinéenne ni le gouvernement n’ont fait le point sur les enquêtes.
Alors que plusieurs tournois de football à travers la Guinée étaient organisés par des mouvements de soutien au général Mamadi Doumbouya et accompagnés par le gouvernement, celui de Nzérékoré, au sud-est du pays, devait finir en apothéose. Grosse campagne de communication, transport gratuit pour les supporters, invités de marque.
Ce jour-là, des milliers de spectateurs convergent vers le stade du 3-avril de Zaly, bien trop petit et en chantier depuis une décennie. Après un coup de sifflet contesté et l’immixtion de personnalités politiques dans l’arbitrage, des pierres volent depuis les tribunes. Les forces de l’ordre tirent des gaz lacrymogènes.
C’est la panique générale. Survient alors une effroyable bousculade dans l’enceinte du stade qui ne dispose que d’une seule sortie. Le gouvernement annonce 56 morts. Un bilan provisoire jamais réévalué alors que le rapport d’enquête des ONG de la région forestière en compte plus du double, soit 140 morts, essentiellement des mineurs.
Le rapport pointe surtout une volonté de l’État de dissimuler les faits, nombre de témoins affirmant avoir vu les forces de sécurité embarquer des dépouilles vers leur camp militaire. Des dépouilles que les familles recherchent encore aujourd’hui.
Plusieurs familles ont porté plainte contre les organisateurs et aussi les ministres des Sports et celui de l’Élevage, notamment pour « meurtre, homicide involontaire, mise en danger d’autrui et recel de cadavres ». Mais un an plus tard, ni la justice guinéenne ni le gouvernement n’ont fait le point sur les enquêtes, alors même que de nombreux témoins disent avoir vu les forces de sécurité embarquer des dépouilles dans le camp militaire de la ville. Emmanuel Fassou Sagno préside le collectif des ONG de Nzérékoré et décrit le désarroi des familles.
Selon leur avocat, Me Paul Lazard Gbilimou, le dépôt de leur plainte est resté sans suite, malgré les auditions des parties civiles par le juge d’instruction. Aujourd’hui à Nzérékoré, les familles ont prévu une cérémonie à la mémoire des victimes.
Avec RFI



