Notre paysage politique se redessine, tel un tableau impressionniste où chaque coup de pinceau est à la fois prometteur et inquiétant. Les inquiétudes sociales et économiques s’accumulent, formant des nuages sombres d’une tempête imminente. Pendant ce temps, la drogue interpelle les forces de défense et de sécurité, remettant en question l’efficacité des institutions censées protéger la population.
A quelques milliers de kilomètres, nos voisins ivoiriens se préparent à célébrer un quatrième mandat, un geste qui soulève des interrogations sur l’état de la démocratie en Afrique de l’Ouest. Chez nous, en Guinée, le peuple, dans une sorte d’euphorie collective, organise des manifestations à la gloire de l’homme fort qui semble s’installer confortablement dans le fauteuil présidentiel, rêvant d’un règne ad vitam aeternam.
Ce phénomène n’est pas sans rappeler l’illusion du changement : un nouveau visage, mais de vieilles pratiques. Les chants de victoire résonnent, mais derrière le rideau de cette fête, le mécontentement gronde.
Les adversaires politiques, de leur côté, s’entredéchirent dans une danse macabre, où Cellou Dalein Diallo est, osons le dire à la manière de Jacques Chirac, écarté du jeu avant même l’adoption du projet de nouvelle constitution. Cette manœuvre soulève d’innombrables questions sur la légitimité du processus en cours. Que nous réserve l’horizon ? Un nouvel espoir, ou, au contraire, une prolongation inexorable du désespoir ?
Si cet espoir se matérialise, qu’en sera-t-il des pages sombres que nous avons tournées ? Les enlèvements, les kidnappings punitifs, les disparitions forcées, vont-ils enfin devenir de l’histoire ancienne ? Peut-on vraiment espérer retrouver dans les jours à venir le journaliste Habib Marouane Camara, kidnappé et disparu depuis décembre 2024, à peine revenu d’un voyage d’étude aux États-Unis ? La famille des leaders sociaux sera-t-elle enfin à l’abri des menaces qui l’ont longtemps assombrie, ou vivra-t-elle encore dans la peur?
Ces questions demeurent, flottant dans l’air comme un parfum de désespoir et d’incertitude.
Le temps passe, mais les promesses d’un avenir meilleur semblent se dissiper, laissant place à une réalité souvent plus cruelle. La route est encore longue et semée d’embûches.
Ce nouveau chapitre s’écrit avec l’encre de l’incertitude. Mais peut-être, juste peut-être, aurons-nous un jour la chance d’écrire une histoire différente ? Une histoire de paix? De justice ? Et d’espoir pour tous les Guinéens? En réalité, notre force réside dans notre peuple. Abraham Lincoln avait raison de le dire à travers la célèbre citation : « le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple ».
Par Alpha Abdoulaye Diallo, in Le Populaire