Vingt-trois personnes sont mortes le vendredi 24 juin 2022 alors qu’elles tentaient de franchir en masse le mur d’enceinte entre Nador au Maroc et l’enclave espagnole de Melilla. Sur des images, on voit des dizaines de corps enchevêtrés, des morts et des blessés gisant le sol après que la police marocaine ait tenté de les repousser.
Ce drame remet sur la table la question de la politique migratoire en Afrique et l’impérieuse nécessité de respecter les droits fondamentaux des migrants subsahariens.
En effet, le traitement de ces jeunes africains sur la frontière entre le Maroc et l’Espagne suscite l’indignation. Le 18 juin dernier, des affrontements violents ont été notés dans la même zone entre les migrants et les forces de l’ordre marocaines faisant plusieurs blessés. Nador, point stratégique des candidats à l’immigration, est aujourd’hui une “zone interdite” pour ces derniers obligés de se retrancher dans les forêts pour pouvoir rallier l’Europe.
Pourtant, ces hommes et femmes à la quête d’un eldorado méritent regard et respect. Ils ont des droits et libertés qui dans un premier temps tirent leurs fondements dans la déclaration universelle des droits de l’homme qui garantit solennellement l’égalité entre les individus et le principe de non discrimination. Ce texte protège tout individu contre la torture ou les traitements cruels, inhumains ou dégradants.
Quant à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP), elle s’inscrit dans la même logique que ladite déclaration. Selon elle, toute personne a le droit de circuler librement, de chercher ou de bénéficier d’un asile devant la persécution. Dans son article 12, la CADHP relève que “toute personne à le droit de circuler librement et de choisir sa résidence à l’intérieur d’un Etat.”
Dans la même veine, le Pacte international relatif aux droits civils et politiques du 16 décembre 1966, en son article 2, dispose que: «Les Etats parties au présent Pacte s’engagent à respecter et à garantir à tous les individus se trouvant sur leur territoire et relevant de leur compétence les droits reconnus dans le présent Pacte, sans distinction aucune, notamment de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d’opinion politique ou de toute autre opinion, d’origine nationale ou sociale, de fortune, de naissance ou de toute autre situation. »
Ainsi dit, il est établi que rien ne peut justifier certains agissements contre les migrants qui au contraire doivent être protégés, pris en charge sur tous les plans (éducation, santé,…)
AfricTivistes trouve dégradant et très révoltant ce qui s’est passé à la frontière entre le Maroc et l’Espagne. Ce drame nous pousse à rappeler le statut sacré de la vie humaine et la responsabilité des autorités politiques à veiller à la sécurité des candidats à l’immigration; mais aussi à condamner systématiquement les menaces et atteintes à la vie des Africains.
Nous estimons que les sorties des autorités africaines et l’attitude des pays d’origine des migrants ne sont pas à la hauteur de la catastrophe et du chaos humanitaire provoqués par ce fléau.
Nous dénonçons le laxisme des institutions africaines face au traitement réservé aux migrants subsahariens dans le monde et déplorons l’absence d’une réelle politique africaine relative à la migration.
Nous condamnons l’absence d’un dispositif africain de prise en charge rapide des migrants en situation de détresse.
Nous exigeons une enquête internationale pour faire toute la lumière sur ce drame humain et que les responsabilités soient situées.
Nous appelons les forces vives africaines à se réunir au plus vite pour mener des discussions sérieuses sur les conséquences désastreuses de la migration dans le continent.
Nous exigeons de la part des Etats quels qu’ils soient (les pays d’origine des migrants, de transit, et les pays européens) à respecter les textes et conventions internationales sur les droits de l’homme et les droits des migrants. Nous les invitons à mettre en avant l’humanité et l’acceptation de l’autre dans leurs différentes actions.
Par AfricTivistes