Après plus de dix jours d’impasse, l’Italie a autorisé finalement un navire de l’ONG SOS Humanity, battant pavillon allemand à accoster dans le port sicilien de Catane. Mais les autorités italiennes veulent choisir à bord du bateau les migrants qu’elles accueilleront. C’est une violation du droit international, nous explique Jean-Claude Samouiller, président d’Amnesty International France.
Le bateau humanitaire Humanity 1 transporte 179 migrants secourus en Méditerranée, dont 104 mineurs non accompagnés. L’Italie, désormais gouvernée par l’extrême droite, a annoncé par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Antonio Tajani, que les autorités procéderont à un tri des migrants : seuls les mineurs, les femmes enceintes et les personnes malades ont été autorisés à débarquer ce dimanche matin. Les 35 hommes adultes du navire sont restés à bord, rapporte l’Agence France presse.
Ils seront reconduits hors des eaux territoriales italiennes.
« C’est une violation du droit international, c’est une violation de la Convention de Genève sur les réfugiés, martelait hier Jean-Claude Samouiller, président d’Amnesty International France, au micro de Jelena Tomic, du service international, on ne trie pas les personnes comme ça ! Au contraire on les accueille sur le territoire et on leur donne les procédures si elles souhaitent déposer une demande d’asile et après un examen approfondi et individuel de chaque personne pour savoir si elles ont le droit ou pas à un statut de réfugié, qui dépend de la façon dont elles sont persécutées dans leur propre pays ; donc on ne refoule pas les gens sans leur avoir proposé de faire une demande d’asile.
Ramener les personnes et les bateaux hors des eaux territoriales italiennes, c’est les mettre en danger et peut-être même qu’elles soient récupérées par des garde-côtes libyens et on sait la situation des migrants en Libye qui est une situation absolument infernale : il y a des prostitutions forcées, des viols, des tortures des migrants, du travail forcé, certains se retrouvent en situation d’esclavage donc l’Union européenne ne peut pas être complice de cette indignité. Il faut absolument que les pays de l’Union européenne respectent le droit international et sauvent les gens en mer. Le droit d’asile, c’est quand même le dernier qui reste quand tous les autres ont été bafoués pour les personnes donc on ne peut pas transiger avec le droit d’asile et l’Union européenne doit être à la hauteur de ses engagements internationaux et de ses valeurs qui ont fondé l’Europe ».
Le navire allemand est l’un des quatre bateaux humanitaires qui réclament actuellement l’autorisation de mettre les personnes secourues en sécurité, les conditions en mer se détériorant en raison du mauvais temps. Jusqu’à présent, il est le seul à avoir reçu l’ordre d’entrer dans le port.
Humanity 1 et Rise Above, de l’ONG Mission Lifeline, naviguent sous drapeau allemand, tandis que l’Ocean Viking de SOS Méditerranée et le Geo Barents de Médecins sans Frontières sont enregistrés en Norvège. Les quatre navires hébergent à eux seuls plus de 1.000 personnes recueillies en Méditerranée.
RFI