Mathias Pogba a été condamné jeudi 19 novembre à trois ans de prison, dont deux avec sursis, par le tribunal correctionnel de Paris pour la séquestration de son frère Paul Pogba.
Cette peine d’un an ferme sera aménagée sous bracelet électronique. Le tribunal l’a également condamné à une amende de 20 000 euros pour avoir participé à la tentative d’extorsion, en 2022, de 13 millions d’euros visant son frère, et pour avoir exercé de nombreuses pressions sur l’international français, sa famille et ses relations professionnelles en vue d’obtenir ce paiement.
Lourdes peines pour les autres prévenus
Les cinq autres prévenus, amis d’enfance ou connaissances de Paul Pogba ont été reconnus coupables d’extorsion, séquestration et détention ainsi que pour la participation à une association de malfaiteurs délictuelle et condamnés à des peines allant jusqu’à huit ans de prison, à des amendes de 20 000 à 40 000 euros.
Seul le chef d’enlèvement n’a pas été retenu comme l’avait suggéré le ministère public.
Roushdane K., considéré comme le cerveau de l’affaire, le seul à comparaître détenu, a été condamné à huit ans de prison comme l’avait requis le parquet.
Adama C. a été condamné à cinq ans de prison avec mandat de dépôt. L’un des plus proches ami d’enfance du footballeur a quitté la salle menotté et escorté par des policiers.
Mamadou M. a lui écopé de cinq ans d’emprisonnement, dont douze mois avec sursis.
Enfin, Machikour K. et Boubacar C. ont été condamnés à quatre ans de prison dont deux ans avec sursis pour l’un et trois de sursis pour l’autre.
Le tribunal a également reconnu un préjudice économique de 197 000 euros et un préjudice moral de 50 000 euros envers Paul Pogba.
La plupart des avocats de la défense, furieux des peines qu’ils jugent trop lourdes, ont fait part de leur intention de faire appel.
Football et marabout
L' »affaire Pogba » a démarré dans la nuit du 19 au 20 mars 2022 par un guet-apens monté à l’encontre de Paul Pogba dans un appartement de Montévrain (Seine-et-Marne). Deux hommes cagoulés l’avaient braqué sous la menace d’armes à feu dans le but de soutirer 13 millions d’euros au milieu de terrain, qui évoluait à l’époque des faits à Manchester United puis à la Juventus Turin.
L’affaire avait été révélée après la diffusion de vidéos sur les réseaux sociaux en août 2022 de Mathias Pogba dans lesquelles ce dernier accusait notamment Paul d’avoir marabouté Kylian Mbappé.
Au cours du procès, les prévenus ont tous nié leur implication et ont raconté avoir été eux-mêmes victimes d’agressions pendant les mois qui ont suivi la séquestration.
L’un d’eux, Roushdane K. a raconté qu’on lui avait tiré une balle à bout portant dans la main pour qu’il mette « la pression à Paul », qui ne payait pas.
Des arguments qui n’ont pas convaincu le ministère public. « Comment un frère, des amis peuvent-ils s’unir pour récupérer des sommes extraordinaires auprès d’une des personnes les plus précieuses dans leur vie ? », avait demandé l’une des procureures.
Pendant leur réquisitoire, les procureures avaient évoqué la générosité de Paul Pogba, « l’ami qui a réussi » et qui finance l’achat du restaurant de deux prévenus, effectue des virements de plusieurs milliers d’euros, ou encore offre 100 000 euros à chacun de ses amis proches et à ses frères pour leur anniversaire.
Des amis qui ont reconnu sans problème avoir bénéficié des largesses de Paul.
« Est-ce que ça fait d’eux des criminels ? », a interrogé Me Saïd Harir. « Non, c’est un juste retour des choses. Dans le VIe arrondissement, on appelle ça du réseau », a expliqué le conseil de Boubacar C.
Avec AFP