Deux supposés militants et un opposant au régime d’Alpha Condé, tous en détention préventive, sont morts en l’espace d’un mois à la maison centrale de Conakry.
Le premier, Ibrahima Sow est décédé le 16 novembre dernier à Ignace Deen, quelques heures seulement après avoir été transféré d’urgence. La famille de ce sexagénaire avait alors accusé les autorités de l’avoir torturé à mort. Une accusation que le gouvernement dément.
Toutefois, une analyse d’Amnesty International a conclu que « pris ensemble, le schéma des blessures d’Ibrahima Sow suggère fortement l’infliction de brûlures à l’aide d’une tige de fer chaud ou d’un objet similaire. Les blessures sont des preuves très solides de mauvais traitements ». Ces blessures pourraient être la cause de sa mort, note l’ONG.
Ce vieux dont la mort provoque toujours une onde de choc chez bon nombre des guinéens a été arrêté à son domicile à Carrière, le 24 octobre passé par des agents de forces de l’ordre, dans le cadre des violences postélectorales.
Le deuxième, Mamadou Lamarana Diallo a rendu l’âme le 05 décembre dernier, le jour même de sa libération. Ce jour-là, des agents l’ont déposé au marché d’Enco 5. Il décèdera quelques heures à la maison familiale à Wannidara, après un bref passage dans une clinique de la place. Selon ses proches il présentait de traces de tortures. Il avait été arrêté le 05 avril dernier, deux semaines après le double scrutin législatif et référendaire controversé du 22 mars 2020.
Et le dernier, Roger Bamba, quant à lui est décédé hier nuit. Ce membre du conseil national des jeunes de l’Union des forces démocratiques de Guinée, le principal parti de l’opposition guinéenne, a rendu l’âme dans la nuit de ce 16 décembre à l’hôpital Ignace Deen où il avait été transféré d’urgence.
Poursuivi pour « menace notamment de violence ou de mort par la mise à la disposition d’autrui d’informations de nature à troubler l’ordre public ; communication et divulgation de fausses informations », Roger Bamba était en détention préventive à la maison centrale depuis le 10 Septembre dernier.
Qu’est ce qui a réellement occasionné la mort de ces trois détenus en l’espace d’un mois? Ont-ils succombé à des tortures comme le laisse croire leurs familles ? Ou bien ils sont morts de suites de maladie, comme l’a souvent expliqué le gouvernement guinéen ? Si les deux avis sont diamétralement opposés, ces décès laissent, sans doute, des interrogations sur les conditions de détentions des opposants dans les différents établissements pénitentiaires du pays.
Par Alpha Diallo