L’arrêté du ministre de la Justice est signé, par délégation, par la Secrétaire générale Mme Irène Marie Hadjimalis. Tout à fait normal. Le hic se situe au niveau du contenu de l’arrêté.
Au lieu d’être un remède au dysfonctionnement de l’appareil administratif, il vient compliquer davantage son fonctionnement. La preuve ? Il affecte des greffiers sans tenir compte de leur expérience, de leur compétence, ou encore du temps mis au poste. Certains bénéficiaires de l’arrêté n’ont pas servi dans une justice de paix mais se retrouvent malgré eux, comme des parachutés, dans les tribunaux de première instance. Certains chefs de greffe sont étonnés d’être ébahis. Des greffiers qui ont une expérience avérée pour avoir servi dans l’un des deux cours d’appel et au tribunal militaire sont surpris aussi de lire l’arrêté venant du ministère de la Justice.
Ils y voient des collègues affectés dans deux juridictions différentes au lieu d’une seule comme le veut la pratique administrative. Les omis sont bouche bée.
Du jamais vu en Guinée
A l’analyse, cet arrêté crée la rivalité, favorise à la fois le manque de respect et l’abandon de poste. Et plus précisément, il ressemble à plusieurs autres actes pris depuis la démission (pardon, le limogeage!) de la Garde des Sceaux Fatoumata Yarie Soumah : il a été conçu et pondu en catimini. C’est-à-dire sans l’avis de conformité (des organisations professionnelles représentatives ou) des respectés membres éclairés du cabinet ministériel en charge de la Justice.
L’autre hic de l’arrêté s’appelle mépris du mérite. Du début à la fin, le tableau d’affectation est fait et présenté à l’insu de valeureux représentants des greffiers de Guinée.
Maintenant, voilà la Justice, qui devrait être la boussole de la transition militaire !
Fait sans précédent dans l’histoire de l’administration de la justice, sous le régime du colonel Mamadi Doumbouya, les grandes juridictions de la Guinée, sont occupées – en majorité – par des greffiers sans expérience de base connue des professionnels. Et pour cause? Jusqu’à preuve du contraire, ils n’ont pas leurs noms sur la liste des chefs de greffe des justices de paix et des tribunaux de la République.
Par Le Populaire du lundi 4 juillet 2022