Je dis ce qu’il fallait dire. Au commencement de la transition, c’était la boussole, et la boussole était la justice. Et cette justice était juste au-dessus de tous. Le colonel était dans la bonne direction de la transition. Il faisait le bon et pas le sale boulot cadré qu’il était dans les garde-fous de la justice juste. Il était bien droit dans ses bottes, au grand dam des fossoyeurs de la loi suprême.
Oui, bien droit au grand bonheur des soldats de la démocratie ! Contre vents et marrées, il accomplissait la mission. C’était le prix à payer pour une justice au-dessus de tout soupçon, mais au bout du compte cette manière de faire du Garde des Sceaux auquel il a confié ce poste de souveraineté laisse un sentiment d’échec chez les justiciables d’abord. Ensuite, chez les magistrats guinéens sentinelle du droit. Au final, il est vrai que poser des actes n’est pas toujours une tâche aisée, mais c’est au pied du mur qu’on voit le maçon. Ceci étant, au fil du temps, il y a eu la méthode de la notaire Fatoumata Yarie Soumah, puis le système de l’avocat Moriba Alain Koné. Au bout du compte, les magistrats se rendent compte que si le régime du colonel connaît des déconvenues, c’est parce que la gouvernance de la boussole a perdu le nord.
La preuve par cent! L’Association des magistrats de Guinée (AMG) dénonce « l’instrumentalisation des cours et tribunaux». A notre tour, disons que si le Garde des Sceaux était incontestablement un avocat inscrit au barreau du Québec au Canada, qu’il prouve sans risque d’être démenti par le barreau de Guinée que sa prestation de serment ne souffre d’aucune discussion à Conakry.
D’ici-là, disons au ministre, en un mot comme en cent, les magistrats sont victimes de la désorientation de la boussole qui ne maintient pas la confiance du public à l’égard du pouvoir judiciaire sous son magistère. J’ai dit.
Par Alpha Abdoulaye Diallo
(Billet paru dans Le Populaire du 13 juin 2022)