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Le Sénégal, une source d’inspiration

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Le Sénégal est une véritable source d’inspiration démocratique pour toute l’Afrique, un exemple de démocratie que le monde entier doit reconnaître et célébrer.

Le Sénégal mérite plus qu’une simple tribune ; il a droit à un hymne. Il doit être célébré comme un modèle, un archétype, un symbole universel de la démocratie.

Le Sénégal a non seulement ouvert une fenêtre, mais aussi une porte rarement, pour ne pas dire jamais, franchie par un système politique. Et pour quelle raison ?

Regardons un peu : d’est en ouest, du sud au nord de la planète, parmi toutes les démocraties, le Sénégal a acquis une maturité démocratique non pas exemplaire, mais exceptionnelle, en si peu de cheminement historique et politique.

Une campagne de seulement quinze jours. Un candidat, issu de la manchette d’un autre, prohibé par la justice. Un recalé, si vous me permettez l’expression, qui soutient son dauphin, son camarade, son colistier, pour le porter vers la place qui lui était destinée de facto.

Un peuple méritant, des dirigeants avisés, un pays qui fait nation.

Voici un peuple serein qui, malgré les passages à vide et les temps d’incertitude, se relève et démontre au monde qu’il existe, quelque part en Afrique, un pays qui fait nation.

Oui, le Sénégal est une nation. Oui, il a un peuple en avance, bien en avance sur d’autres. Il n’est pas, comme ailleurs, une simple entité composite, une addition d’ethnies, de groupes linguistiques, de sordides rassemblements politiques, parfois politico-religieux, qui se donnent des coups de patte comme des insectes. Ce pays est véritablement uni et indivisible.

La France, ancienne puissance coloniale et modèle séculaire de démocratie, fait pâle figure face à cette démocratie qui n’a même pas encore soixante ans.

Le Sénégal présente au monde trois anciens présidents, presque tous droits sur leurs pieds. En tout cas, ils sont écoutés et choyés du fait de leur passage au sommet de l’État et de la manière dont ils ont cédé leur fauteuil. À la républicaine. Oh non, à la sénégalaise !

Qui, plus qu’Abdou Diouf, Abdoulaye Wade et désormais Macky Sall, a su céder, avec une main franche et légère, un héritage politique aussi pacifique et démocratique à son peuple ? N’avons-nous pas assisté à la prise d’assaut des symboles de la démocratie dans un pays qui se vante d’être une puissance mondiale ? Si la prise de la Bastille a instauré la révolution démocratique ailleurs, celle du Capitole relève d’une guerre de succession qui ne ressemble en rien à la sénégalaise.

Au Sénégal, deux semaines à peine de campagne. Une élection sans incident. Des résultats bien peaufinés le jour même. Une victoire reconnue et acceptée par l’adversaire et le Président de la République avant même la proclamation officielle. Des félicitations échangées entre les deux camps.

Nous affirmons haut et fort que les Sénégalais doivent s’enorgueillir de leur système politique. Ils doivent porter la couronne, non pas en diadème, mais en diamant, de leur élection démocratique du 24 mars 2024. Aucune polémique n’a sa place dans cette victoire et le processus qui l’a favorisée.

Ils sont un peuple méritant, parmi les plus méritants. Nous, Africains, devrions en être fiers et suivre leurs pas. Car le pays de la Téranga, terre d’hospitalité (en wolof), est désormais une terra de democracia (terre de démocratie). Une nouvelle donne à assumer

Le défi est de taille et doit être relevé.

Ce défi peut se décliner en quelques points essentiels. En premier lieu :

Le défi face à la nation et au peuple.

Il appartient au nouveau président élu, oh ! Je désirerais tant assister à sa prise de fonction, pas à son intronisation, car le Sénégal forme des démocrates et non des rois ou des potentats. Dans ce pays, il y a passation : un président qui s’en va avec dignité et un autre qui entre glorieusement au Palais de la République pour sauvegarder l’héritage.

Le nouveau président a le devoir de se montrer à la hauteur. Le défi est de taille, mais l’enfant qui trouve le champ de son père à défricher saura, en bon héritier, labourer et semer. Il ne fait aucun doute que l’acquis démocratique continuera à prospérer dans ce pays, phare de la démocratie africaine, désormais mondiale.

Il appartient aux deux anciens colistiers, dont l’un est désormais président, de ne pas céder aux sirènes de la division, car nul n’est jamais aussi menacé que lorsqu’il se sent en symbiose avec quelqu’un d’autre. Autrement dit, les adversaires n’ont pas à craindre la division ou l’opposition parce qu’ils sont déjà en opposition. Mais les amis, surtout en politique, s’exposent aux manœuvres de toutes sortes, aux pièges tendus par des adversaires anonymes ou avérés.

Messieurs Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye, le Sénégal est tout simplement entre vos mains. S’il n’y a pas deux présidents en exercice pour un même pays, il y a de la place pour tout citoyen à la dimension de monsieur Sonko, n’en déplaise à certains, serais-je tenté de dire.

Le défi face à la jeunesse.

Le nouveau président a l’impérieux devoir d’inspirer la jeunesse sénégalaise et africaine. Cette jeunesse en errance, tant sur le continent que sur les chemins de l’exil. Cette jeunesse qu’on tue ailleurs pour de légitimes manifestations en faveur de la démocratie. Cette jeunesse qui croupit dans le chômage, se noie dans la Méditerranée et qui peine, comme naguère dans les cales des navires esclavagistes, sur les routes du Nicaragua. Cette jeunesse qui, dans le pays de l’Oncle Sam, devient les nouveaux forçats de la mondialisation et de la misère des Sud, un terme inventé à dessein pour nous contenter de notre place de continent-relais. Non ! En marge de ce que j’appelle une « globalisation-poudre aux yeux ».

Il est également de votre devoir moral et politique de montrer qu’en Afrique, les présidents inamovibles, peu importe les habits qu’ils portent, ces sortes de zombies ambulants, ces pères de la nation alors qu’ils sont les arrière-grands-pères de ceux qu’ils dirigent, doivent céder la place aux jeunes générations.

Il en va de même pour les chefs de partis politiques qui, comme les potentats qu’ils prétendent combattre, s’accrochent à la tête de leurs mouvements et ferment toutes les portes à une succession légale, légitime et démocratique.

Certes, j’en demande peut-être trop. Cependant, la porte que le Sénégal a ouverte avec fierté ne doit plus être unique et ponctuelle. Elle doit être pérenne et multiple pour donner accès à la démocratie dans tout le continent africain.

Il ne nous reste plus qu’à souhaiter bon vent au président sortant Macky Sall et lui rendre modestement hommage, malgré les atermoiements qu’on lui reproche, à tort ou à raison.

Nous adressons nos souhaits de réussite au président nouvellement élu, avec l’espoir que le soleil qui vient de se lever au Sénégal éclairera toute l’Afrique. Qu’il inspire la jeunesse politique et serve de leçon aux pays voisins et lointains du pays de Blaise Diagne, de Cheikh Anta Diop, et surtout, de Léopold Sédar Senghor, ce passeur de main dont la vision, non seulement poétique mais politique, a fait du Sénégal le berceau de la démocratie africaine et une nouvelle source d’inspiration mondiale.

Je ne doute pas que ce berceau deviendra séculaire et confirmera, au-delà de l’universalité typiquement culturelle, notre universalité politique.

Par Lamarana Petty Diallo, lamaranapetty@yahoo.fr

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