Nous sommes fiers de noter l’initiative du président libérien, qui a décidé de reconnaître, ce samedi 5 juillet 2025, les crimes de l’État et de demander pardon aux familles des victimes des deux guerres civiles qui ont dévasté le pays entre 1989 et 2003. Cette démarche courageuse nous inspire à réfléchir sur notre propre passé douloureux et à nous demander si nous ne devrions pas suivre cet exemple pour réconcilier les Guinéens.
Comme vous le savez, le président Boakai a présenté des excuses formelles de la part de l’État à chaque famille touchée par la guerre civile, déclarant : «À chaque victime de notre guerre civile, à chaque famille brisée, à chaque rêve fracassé, nous disons : nous en sommes désolés.»
Il a reconnu que l’État aurait pu faire davantage pour prévenir ces atrocités et a promis de faire tout ce qui est possible pour éviter que de tels événements se reproduisent. L’acté est posé. Le Liberia a été confronté à une situation similaire à celle de nombreux pays africains, où les responsables de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité restent influents dans la politique nationale et bénéficient d’une culture de l’impunité. Cependant, le président Boakai a décidé de rompre avec ce statu quo en appelant à la mise en œuvre des recommandations clés de la Commission de vérité et de réconciliation, qui avait appelé à la création d’un tribunal pour juger les crimes de guerre.
Cette initiative est d’autant plus significative que le Liberia a déjà franchi une étape importante en votant à l’unanimité au Sénat un texte visant à créer un tribunal pour juger les crimes commis lors des deux guerres civiles. Les députés avaient déjà voté en faveur de cette demande de longue date des Libériens et de la communauté internationale.
Nous pouvons nous inspirer de cette démarche pour réconcilier les Guinéens et tourner la page du passé. Oui. Il est temps pour nous de reconnaître les crimes de notre État et de demander pardon à tous ceux qui ont été touchés par la violence et l’injustice des représentants des pouvoirs publics.
En suivant l’exemple du Liberia, nous pouvons redonner la dignité aux familles de nos concitoyens, bourreaux et victimes, et travailler vers une réconciliation nationale. Oui. Il le faut. La Sierra Leone, qui a connu une guerre civile dévastatrice de 1991 à 2002, a également mis en place des mécanismes pour promouvoir la réconciliation nationale, tels que la Commission Vérité et Réconciliation et le Tribunal spécial pour la Sierra Leone.
Même si des défis persistent, notamment en ce qui concerne l’impunité pour certains responsables et les besoins des victimes, cette expérience nous montre que la réconciliation est possible. En fin de compte, la démarche du président Boakai nous montre que même face à un passé douloureux, il est possible de prendre des mesures concrètes pour tourner la page.
Oui. C’est bien cela.
Par Alpha Abdoulaye Diallo, in Le Populaire