Le temple de Thémis, en l’occurrence le tribunal criminel de Dixinn délocalisé à la Cour d’appel de Conakry, a repris ses droits ce jeudi 18 décembre 2025 pour ouvrir le second volet du procès des massacres du 28 septembre 2009.
L’actualité nous ramène ainsi dans cet antre de justice, « passez-moi l’expression », comme dirait Me Paul Yomba Kourouma, où nous découvrons que le verdict historique du 31 juillet 2024 n’était pas, contrairement aux attentes, l’épilogue définitif de ce dossier sensible, mais bien le prologue d’un nouveau chapitre judiciaire.
Il va sans dire qu’en rouvrant les dossiers de sept militaires qui avaient initialement bénéficié d’un non-lieu, la justice s’apprête à lever le voile sur les zones d’ombre qui subsistent encore et encore au cœur du massacre du 28 septembre.
Cette relance des poursuites est née d’une onde de choc portée par les révélations du commandant Aboubacar Sidiki Diakité, alias Toumba.
Ces dénonciations, soutenues par le courage de victimes ayant enfin osé briser le sceau du silence après des années de peur face aux représailles, ont conduit l’institution judiciaire à se pencher à nouveau sur des faits que l’on croyait classés.
Dans ce pays trop longtemps meurtri par des crimes de sang restés impunis, l’enjeu de cette seconde phase est immense. Il ne s’agit plus seulement de juger les mains qui ont appuyé sur la gâchette, ou poignardé des citoyens, mais d’explorer, avec toute la rigueur et la sérénité requises, la chaîne de commandement. C’est ici que le dossier du colonel Bienvenu Lamah devient central.
S’il doit impérativement bénéficier du principe sacré de la présomption d’innocence tant que sa culpabilité n’est pas établie, son rôle présumé en tant que responsable du camp militaire d’où seraient partis les escadrons de la mort est au cœur des interrogations des parties civiles.
Pour une justice qui n’est plus inféodée à l’Exécutif et qui place le citoyen au cœur de ses préoccupations, le défi est d’établir si les massacres sont le fruit d’une dérive isolée ou d’une mécanique orchestrée au plus haut niveau.
L’enjeu est désormais de remonter la hiérarchie pour que chaque responsable, quel que soit son rang, réponde de ses actes devant l’Histoire. Car, à bien des égards, ce rebondissement constitue une avancée réelle.
Certes, la grâce accordée au capitaine Moussa Dadis Camara a pu, pour certains analystes et éditorialistes, laisser poindre un sentiment de faveur politique. Mais pour les rescapés, la vérité judiciaire doit être gravée dans le marbre avant que ne s’exerce la clémence de l’État. Le tribunal criminel va donc poursuivre l’examen des faits, confronter les témoignages et juger sans faiblir, et nommer chaque acteur de ce drame, dans le respect du droit. Pour que plus jamais le silence ne protège le crime.
J’ai dit.
Par Alpha Abdoulaye Diallo, in Le Populaire



