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Guinée : l’ONU appelle la junte à clarifier le calendrier de la transition

Alors que la transition censée finir le 31 décembre dernier a été prolongée à une date indéterminée, une mission des Nations Unies qui a récemment séjourné en Guinée pour évaluer les besoins électoraux du pays demande aux militaires au pouvoir de définir une date précise pour le retour à l’ordre constitutionnel.

Dans son rapport en date du 10 janvier 2025, cette mission onusienne dresse un constat alarmant sur la situation de la transition guinéenne.  En effet, elle déplore « l’effritement grandissant et inquiétant de la cohésion sociale ; une détérioration des conditions de vie des populations ; une forte crispation au sein de la classe politique, une détérioration de l’espace démocratique, ainsi qu’un rétrécissement de l’espace civique et de l’état de droit ».

« Les étapes clés de la transition politique ne sont toujours pas respectées, tandis que les droits civils se sont érodés depuis le coup d’État du 5 septembre 2021. Le manque de clarté sur le calendrier de retour à l’ordre constitutionnel, la participation potentielle des dirigeants de la transition à une future élection présidentielle, l’absence de consensus autour de la nouvelle constitution et les défis socio-économiques alimentent le mécontentement social. La NAM a aussi noté la dissolution d’une cinquantaine de partis politiques ainsi que la suspension et la “mise sous observation” de dizaines d’autres, au nom de la conformité avec les lois sur les formations politiques, faisant craindre une re-fermeture de l’espace politique que le coup d’État de 2021 avait momentanément rouvert. La NAM a enfin noté une recrudescence de la répression de la dissidence depuis le début de la transition. Ceci exacerbe les tensions politiques ainsi qu’un recours excessif et disproportionné à la force par les forces de sécurité. L’augmentation des violations du droit à la liberté d’opinion et d’expression, la fermeture des principaux médias audiovisuels privés, la recrudescence des arrestations et des disparitions forcées des voix dissidentes ont fini par créer un climat de peur généralisé au sein des acteurs politiques et de la société civile », note le rapport.

Face à cette situation, la mission suggère au gouvernement de prendre en urgence des mesures de décrispation et de renforcement de la confiance, notamment en apportant des clarifications sur le calendrier de la transition et sur les disparitions forcées d’activistes de la société civile ; en levant les restrictions sur l’espace civique et politique, y compris les médias, en promouvant d’autres mesures susceptibles de créer la confiance telles que le jugement ou la libération des dignitaires en prison ou en résidence surveillée, le retour des personnalités politiques en exil volontaire, etc.

Dans ce cadre, le gouvernement devrait également améliorer sa stratégie de communication publique au sujet de la gestion de la transition et de l’organisation des élections, estime la mission.

A cela, la mission invite aussi les acteurs socio-politiques à s’engager sans conditions préalables dans un dialogue politique qui permettra de purger les questions qui pour le moment sont source de tension, afin d’éviter de retomber dans un nouveau cycle de crise politique et de recourir à la recherche permanente du consensus au détriment du respect de la légalité et du droit.

Par I.Sylla   

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