Trois ans après le renversement d’Alpha Condé par un coup d’Etat militaire, l’on s’interroge à quand la transition prendra-t-elle fin. Si le chef de la junte s’était engagé à rendre le pouvoir à la fin de cette année, plusieurs signent montrent qu’il n’est pas pressé de partir de sitôt, fait remarquer Gilles Yabi.
« Le fait qu’on présente désormais Mamadi Doumbouya comme le président, et non plus comme le président de la transition, est parlant. Tout comme son omniprésence sur les murs de Conakry, et bien sûr le non-respect des délais et du calendrier électoral. Ce sont des signes qui donnent l’impression que le général n’est pas pressé de quitter le pouvoir et qu’il pourrait être candidat à l’élection présidentielle quand elle aura lieu », fait remarquer le fondateur du think tank Wathi dans une interview avec Jeune Afrique.
« L’excitation qui a accompagné le coup d’État est retombée. Cette excitation s’expliquait par la responsabilité lourde d’Alpha Condé ; il a lui-même créé les conditions de sa chute. Et aujourd’hui, nous sommes confrontés à la gravité d’un pouvoir militaire. Tous les citoyens peuvent être victimes de l’arbitraire, et le pouvoir guinéen décourage toute contestation ou dissidence », ajoute-t-il.
Malgré les restrictions des libertés et les violations répétées des droits humains, la Cedeao reste muette et semble plutôt faire les yeux doux aux autorités de la transition guinéenne. Pour Gilles Yabi cette situation s’explique par le fait que le contexte régional est tel qu’elle est très affaiblie, la Guinée étant le seul pays en transition militaire avec lequel elle n’est pas en froid.
« Dans la sous-région, la logique des sanctions indiscriminées au Mali et au Niger a été contreproductive. Leur nature et leur ampleur ont même largement servi la cause des militaires. Seule reste la voie diplomatique, mais l’Afrique de l’Ouest est marquée par un recul démocratique, par des coups d’État, par une hausse de l’insécurité et par une régression sur le plan de l’intégration régionale. D’où la frilosité de la Cedeao à condamner les dérives du pouvoir en Guinée. »
Par Alpha Abdoulaye Diallo