Le Barreau de Guinée a décidé de prolonger de deux semaines supplémentaires son débrayage, en réaction au bref enlèvement de l’ancien bâtonnier, Me Mohamed Traoré, dans la nuit du 20 au 21 juin à Conakry et retrouvé quelques heures plus tard à Bangouyah, dans la préfecture de Coyah, avec des tortures.
La décision a été prise ce lundi 7 juillet, à l’issue d’une nouvelle assemblée générale extraordinaire à la Cour d’Appel de Conakry.
« Il a été décidé de poursuivre la suspension de toutes nos activités pendant deux semaines », a indiqué Me Moussa Diallo, avocat au Barreau et membre du Conseil de l’Ordre, à l’issue de la réunion.
« Déjà, lors de l’Assemblée générale du 30 juin, plusieurs résolutions avaient été adoptées, notamment le boycott des audiences et l’arrêt de toute collaboration avec les officiers de police judiciaire. Une plainte a été déposée au nom de Me Mohamed Traoré, et l’Ordre des avocats s’est constitué partie civile. Nous avons également procédé au retrait de tous nos représentants des organes de la transition, et un mémorandum destiné au président de la République a été préparé. L’objectif était de le lui remettre en main propre », a rappelé Me Diallo.
Et de poursuivre : « Dès le lendemain des faits, nous avons sollicité une rencontre avec le ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, ainsi qu’avec le procureur général près la Cour d’appel de Conakry. Tous deux ont refusé de nous recevoir. Ce n’est que quelques jours plus tard qu’une délégation du Conseil de l’Ordre a été reçue par le Premier ministre, en présence notamment du ministre secrétaire général à la Présidence, le général Amara Kamara. Les discussions ont eu lieu, certes, mais elles n’ont pas permis de satisfaire nos attentes», déplore le Barreau en rappelant que cette mobilisation ne vise pas uniquement à défendre Me Traoré.
« Elle concerne la sécurité de tous les avocats dans l’exercice de leur profession. Ce qui lui est arrivé pourrait arriver à n’importe lequel d’entre nous. Et cela est inacceptable », dit-il.
Par Mariam Bâ