Evasion de Dadis et Cie : le récit de l’opération à la Maison centrale

Près d’une semaine après l’évasion spectaculaire de l’ex chef de la junte, Moussa Dadis Camara, du colonel Tigeboro, de Blaise Goumou et du colonel Claude Pivi, à la Maison centrale, l’on en sait un peu sur le déroulé de l’opération de leur exfiltration. Alors que le colonel Pivi court toujours contrairement aux autres qui ont été rapidement rattrapés et renvoyés dans leurs cellules, selon le ministre de la justice, ils ont bénéficié de complicité.

« Les gens étaient à la devanture de la Maison centrale depuis 4h 40 minutes. Une zone où vous avez des barbelés de sécurité pour percer même des pneus. Ils ne sont pas venus avec des véhicules. Ils sont venus, ont trouvé un véhicule de la police à la devanture, il contenait leur accoutrement, tout y était. L’agent qui était auprès du véhicule, dans un premier temps, était assis, les gens viennent, il fait semblant d’être mis aux arrêts alors qu’il était là avec eux, ils discutaient de comment cela va se passer », a expliqué Alphonse Charles Wright à évasion TV.

« Le véhicule qu’ils ont saisi, qui détenait la clé ? Parce que pour que vous puissiez utiliser un véhicule pour l’opération, il faut vous rassurer qu’il y ait le carburant, il faut s’assurer que le véhicule est opérationnel, mais tout y était. Puisqu’ils étaient auprès du véhicule de la police, ceux qui passaient pouvaient penser que c’est la police qui était là, parce qu’ils avaient déjà porté leurs uniformes. Qui pouvait penser que ceux qui étaient là sont venus pour faire sortir ces détenus ? Parce que le véhicule qui était là est celui qui a l’habitude de stationner là-bas. Donc, ils viennent et ils font tout dans ce véhicule. La question que je me suis posée, comment ils savaient que ce véhicule-là pouvait être à cette position ? Pourquoi c’est là-bas qu’ils ont pris des armes et se sont habillés ? » S’interroge-t-il.

Et de poursuivre : « Jusque-là, je ne parle pas des gardes pénitentiaires d’abord parce que la sécurité à des niveaux. Les gardes pénitentiaires sont à l’intérieur, ils ne sont pas à l’extérieur. Ils sont venus se mettre devant la cour de la maison centrale pendant deux à trois heures arrêtés là-bas. Ceux qui étaient là ce jour pour le cordon sécuritaire étaient de l’autre côté, complètement effacés, assis. Quelqu’un vient s’arrêter pendant une à deux heures alors que tout ce cordon sécuritaire est là-bas. Il n’y a même pas eu un tir. Et ceux qui étaient là-bas n’étaient pas mis au repos, ils étaient là et ils les regardaient, communiquaient avec eux. Quand ils ont fini de faire, le véhicule qui devait transporter le capitaine Dadis Camara et autres est venu garer. Comment rentrer à la maison centrale ? C’est simple : ils sortaient, ils rentraient et sortaient pendant 30 minutes », indique le ministre Wright.

S’agissant des gardes pénitentiaires, il soutient que les cameras de surveillance ont été sabotées.

« A la maison centrale, vous avez une porte blindée et 60 caméras que j’ai placées. Sur les 60, il n’y en avait que 8 qui fonctionnaient normalement. Parce que 2 jours avant, ils ont saboté les caméras qui ont été fixées là-bas. Qui garde les caméras si ce n’est pas les gardes pénitentiaires ? » S’interroge-t-il. Et de répondre que ce sont eux.

« Ceux que j’ai placé là en toute confiance, j’ai mis des caméras pour vous aider puisque vous ne pouvez pas tout voir, vous débrancher les caméras. La base de données est dans le bureau du régisseur. C’est lui qui reçoit toutes les données, qui peut appeler qui que ce soit pour alerter. Tu étais où ? Pourquoi ces caméras étaient désactivées. Ces gens sont venus s’arrêter pendant 2h de temps devant la maison centrale, vous ne les avez pas vus ? La porte est blindée, il y a un règlement intérieur qui dit qu’il n’y a pas de visite dès 16h. Si quelqu’un vient à des heures indues, tape à la porte, la première chose à dire c’est de demander c’est qui ? Qu’est-ce que vous voulez ? C’est tel, non je ne vous reçois pas », dit-il. Et de continuer « Si l’intéressé arrive à casser la porte, à rentrer, à vous braquer une arme parce que vous vous n’en avez pas, à vous blesser, je peux comprendre. Personne ne vous en voudra pour ça. Personne ne doit vous accuser de ça, parce qu’on ne peut pas résister face à une force dont on n’a pas la capacité de faire face. Mais on tape à la porte, vous l’ouvrez, personne n’est blessé, on vient on embarque les gens librement. Ce qui est marrant dans tout ça, c’est quand les gens-là ont quitté avec capitaine Dadis et les autres, ceux qui étaient à l’intérieur sont venus encore s’arrêter. Qu’est-ce qu’il faut ? Il faut justifier qu’on a été attaqué. En pareille circonstance, ni ceux les gardes pénitentiaires, ni ceux qui étaient dehors, personne ne peut me justifier qu’il n’y a pas eu de faille, qu’il n’y a pas eu de complicité », soutient Alphonse Charles Wright, visiblement dépité par les évènements.

Il faut noter qu’au lendemain de l’évasion, le président de la transition a radié et les évadés de l’armée. En Plus d’eux, plusieurs autres militaires et agents de la garde pénitentiaire, dont le Régisseur en chef par intérim, ont aussi été radiés soit pour faute lourde ou pour manquement.

Par Guinee28

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