Un début d’Euro 2016 poussif, une équipe nationale moins talentueuse que par le passé, un football parfois calculateur, une star Cristiano Ronaldo pas toujours à la hauteur de l’événement… Peu de personnes auraient misé sur cette sélection du Portugal qui doit surtout son sacre à une formidable volonté et à l’intelligence de son sélectionneur, Fernando Santos.
On peut donc remporter un grand tournoi de football en ayant obtenu plus de matches nuls (4) que de victoires (3). Cette situation assez inhabituelle, on la doit à une équipe du Portugal qui a réalisé un mauvais début d’Euro 2016, avant de se préoccuper uniquement du résultat final.
L’image peut sembler un peu réductrice et injuste envers le Portugal. Mais qui aurait imaginé cette sélection portugaise, nettement moins talentueuse et beaucoup plus calculatrice que ses devancières, décrocher un titre de championne d’Europe ?
Le rôle décisif de Fernando Santos
Son sélectionneur Fernando Santos, tout d’abord. Nommé il y a un peu moins de deux ans, celui qui avait éliminé la Côte d’Ivoire du Mondial 2014, avec l’équipe de Grèce, n’a pas hésité à afficher clairement son ambition de gagner l’Euro 2016.
Pour y parvenir, il a progressivement remis en cause les grands principes du foot portugais, tournés vers le beau jeu.
Là où le Portugal avait ainsi perdu avec panache face à la France, en demi-finales de l’Euro 1984, de l’Euro 2000 et du Mondial 2006, celui de Fernando Santos s’est imposé face aux Bleus grâce à sa force de caractère.
Un début d’Euro 2016 vraiment nul
Et il en a fallu beaucoup pour supporter le déluge de critiques, après trois matches nuls plutôt poussifs, face à l’Islande (1-1), l’Autriche (0-0) et la Hongrie (3-3), trois adversaires loin d’être redoutables.
Dans un Championnat d’Europe avec seize équipes participantes, le Portugal aurait d’ailleurs été tristement éliminé dès le premier tour. Mais dans un Euro nouvelle formule, avec 24 équipes participantes, les meilleurs troisièmes de chaque groupe étant qualifiés, les lusophones ont donc pu poursuivre l’aventure.
Défaire le jeu
En huitièmes de finale, la Croatie, peut-être la plus belle équipe de ce début d’Euro 2016, leur a barré la route. Fernando Santos s’est alors passé des services d’un de ses milieux offensifs, Joao Moutinho. Il n’est plus question de faire le jeu mais de défaire celui de l’adversaire. Une stratégie qui a fini par payer en prolongation.
En quart de finale, les Portugais ont ensuite fait le dos rond et sont passés aux tirs au but (5-3, 1-1 après prolongation) face à la Pologne. Les Lusitaniens se sont au passage trouvé un nouvel homme fort, Renato Sanches. Le milieu de terrain de 18 ans, déjà excellent face à la Croatie, a justifié les grands espoirs placés en lui.
En demi-finale, face au Pays de Galles, le Portugal se montre un peu moins attentiste et s’impose 2-0.
Cristiano Ronaldo ronge son frein
Le froid réalisme portugais ne plait pas à tout le monde, mais il fonctionne. Même Cristiano Ronaldo, la superstar du football portugais, s’y plie. L’attaquant accepte de défendre davantage et de laisser plus de responsabilités à ses partenaires.
Celui qui a vécu la frustration d’une défaite à domicile en finale de l’Euro 2004 rêvait d’un sacre avec son équipe nationale, lui qui a tout gagné ou presque en club. Il y est enfin parvenu, en appliquant les principes de Fernando Santos.
« Nous sommes une équipe, nous jouons en équipe, lance ce dernier. Je n’ai jamais caché ce que je pensais et j’ai toujours dit à mes joueurs qu’ils avaient de la qualité mais qu’il fallait être une équipe unie, solidaire, organisée, concentrée ». Il conclut : « Si on continue à jouer de cette manière, avec beaucoup d’humilité, on pourra relever d’autres défis. »
RFI