Essence toxique en Afrique de l’Ouest : Total et Shell indexés

L’Inspection néerlandaise pour l’environnement humain et les transports révèle que les géants du pétrole exportent vers le continent africain des produits pétroliers mélangés à des substances chimiques dangereuses pour la santé.

Quelle différence entre l’essence que vous mettez dans votre véhicule et celle qu’utilise un autre automobiliste habitant à 6.000 kilomètres de chez vous, au Nigeria ? Aucune, serions-nous tentés de répondre. Pourtant, la réalité est toute autre : les carburants destinés au marché de l’ouest africain sont composés de substances hautement cancérigènes, tels que le manganèse et le benzène, révèle une enquête réalisée par l’Inspection néerlandaise pour l’environnement humain et les transports (ILT) sur les cargaisons de 44 pétroliers en partance pour l’Afrique de l’Ouest.

Près de 400 fois plus de soufre

L’ILT note également dans les carburants destinés à l’Afrique de l’Ouest « 300 fois plus de soufre qu’autorisé par les standards européens ». Ce résultat recoupe celui de la précédente enquête « Dirty Diesel » (« diesel sale » en français) de l’organisation suisse Public Eye. Rendu publique en septembre 2016, son rapport révélait que le diesel pouvait contenir jusqu’à près de 400 fois plus de soufre que la teneur admise en Europe ! « Par ces pratiques illégitimes, ces sociétés contribuent à l’explosion de la pollution de l’air dans les villes africaines et nuisent à la santé de millions de personnes », expliquait Public Eye. Or la pollution de l’air est déjà un problème majeur en Afrique.

La pollution de l’air en Afrique : une bombe à retardement

La pollution de l’air est déjà un problème majeur dans les villes africaines, qui figurent parmi les plus polluées au monde. Les gaz d’échappement des véhicules sont l’une des principales causes de la pollution de l’air aux particules fines. Bien qu’en Afrique, il y ait moins de voitures en circulation qu’en Europe, les émissions polluantes y sont plus élevées car les carburants utilisés contiennent davantage de soufre. La combustion de ces carburants toxiques libère des quantités très importantes de particules fines. Ils entravent par ailleurs le bon fonctionnement des catalyseurs et des filtres à particules. La forte pollution de l’air a des conséquences désastreuses sur la santé des populations des régions concernées. Les maladies respiratoires sont l’une des premières causes de recours à des soins hospitaliers à Accra (Ghana), précise Public Eye. Si aucune mesure n’est prise pour réduire la haute teneur en soufre des carburants, la pollution de l’air liée au trafic routier causera, durant l’année 2030, la mort prématurée de 31.000 personnes en Afrique, soit trois fois plus qu’en Europe, aux Etats-Unis et au Japon réunis !

Total et Shell cités parmi les principaux responsables

Le rapport d’enquête hollandais pointe une dizaine de géants du courtage pétrolier tels que les suisses Vitol et Gunvor, l’anglo-suisse Glencore ou encore Trafigura. Quant aux compagnies pétrolières, la française Total et l’anglo-néerlandaise Shell sont citées comme les principales responsables des mélanges de produits pétroliers. Des opérations parfois réalisées en pleine mer près des côtes africaines et de métropoles comme Dakar au Sénégal ou Lagos au Nigeria. « Si les Pays-Bas ont diligenté cette enquête qui sera présentée au Parlement à une date encore inconnue et dont certains cas d’illégalité pourraient être transmis à la justice, c’est que près de 50 % des produits pétroliers exportés vers l’Afrique de l’Ouest partent des ports d’Amsterdam et de Rotterdam auxquels s’ajoute Anvers, en Belgique, selon les Nations unies (ONU) », note le journal Le Monde.

Mais les pays d’Afrique de l’Ouest pourraient mettre fin à cette « qualité africaine », comme disent les courtiers du pétrole. A l’image du Ghana qui, depuis le 1er juillet 2017, importe uniquement des carburants à faible teneur en soufre : 50 parties par million (ppm) au maximum, contre 3.000 ppm auparavant (les normes européennes sont fixées à 10 ppm depuis 2009) s’alignant ainsi sur les recommandations du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE). Le Bénin, la Côte d’Ivoire, le Togo ou encore le Nigeria n’ont, pour le moment, pas réussi à tenir leur engagement de réduire les limites de teneur en soufre et de mettre aux normes leurs raffineries. Les raisons ? Les pressions des lobbies pétroliers mais aussi « les risques de hausse des prix des carburants à l’importation qui se répercuterait sur le consommateur », souligne Le Monde.

Source : science et avenir.fr

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