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En Guinée, une démission laisse craindre un report du procès pour le massacre du 28 septembre

Le nouveau ministre de la Justice devrait s’assurer qu’une date soit fixée pour le procès dans cette affaire datant de septembre 2009.

La démission du ministre guinéen de la Justice, Cheick Sako – sous la supervision duquel d’importants progrès ont été accomplis dans l’enquête sur le terrible massacre de septembre 2009 – ne devrait pas anéantir l’espoir de voir enfin les responsables traduits en justice.

Le 28 septembre 2009, plusieurs centaines de membres des forces de sécurité guinéennes avaient ouvert le feu sur des dizaines de milliers de partisans de l’opposition dans un stade de la capitale, Conakry. Au moins 150 personnes avaient été tuées et des dizaines de femmes avaient été violées.

Les efforts visant à rendre la justice concernant ce massacre, l’un des pires épisodes de violence politique en Guinée, constituent un test décisif de la volonté du président Alpha Condé de mettre fin à l’impunité des forces de sécurité, démontrer l’indépendance du système judiciaire et renforcer l’État de droit dans son pays.

Les années passées depuis la nomination de Cheick Sako en 2014 ont vu s’accomplir des démarches significatives dans cette affaire. En juillet 2015, un panel de juges guinéens a inculpé Moussa Dadis Camara, ancien chef de la junte militaire qui gouvernait la Guinée à l’époque du massacre et commandant en chef des forces de sécurité responsables des meurtres. En novembre 2017, les juges ont conclu leur enquête après avoir inculpé plus de 14 suspects, y compris plusieurs responsables de haut rang de la sécurité dans l’actuelle administration du président Condé.

En avril 2018, Sako a nommé un comité de pilotage chargé d’organiser le procès. Mais ce comité, qui était initialement censé se réunir une fois par semaine, ne s’est réuni que sporadiquement et n’a pas encore fixé de date pour le procès.

Dans une lettre de démission datée du 20 mai et rendue publique plus tôt cette semaine, Sako a exprimé son opposition à une éventuelle révision de la constitution guinéenne, que beaucoup de Guinéens s’attendent à voir le président Condé annoncer dans le but de lever les obstacles à son maintien au pouvoir pour un troisième mandat. Les organisations guinéennes de défense des droits humains craignent qu’avec le départ de Sako, toute volonté restante de tenir le procès ne disparaisse.

Le système judiciaire guinéen devrait fonctionner de manière indépendante de la politique, quelle que soit la complexité de celle-ci. Demander au comité de pilotage de fixer une date pour le procès des responsables présumés du massacre serait le moyen pour le successeur de Sako, qui est actuellement remplacé par ministre par intérim Mohammed Lamine Fofana, de montrer qu’il est résolument en faveur d’un système judiciaire crédible et indépendant et qu’il se tient prêt à faire avancer la lutte cruciale de la Guinée contre l’impunité.

Par Corinne Dufka

Directrice adjointe de la division Afrique de Human Rights Watch

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