Cette baisse ne traduit toutefois pas une amélioration de la situation. Elle signifie que moins de journalistes prennent le risque de se rendre sur le terrain dans les pays les plus dangereux.
C’est une amélioration en trompe l’œil. Certes, sur le papier, les chiffres sont meilleurs. En 2016, 75 journalistes (professionnels, journalistes citoyens ou collaborateurs) sont morts dans l’exercice de leur métier. C’est mieux qu’en 2015, où 106 avaient perdu la vie. Pourtant, selon l’association Reporters sans frontières (RSF) qui publie chaque année ce triste bilan, il n’y a pas à se réjouir de la situation. «Cette baisse significative s’explique par le fait que de plus en plus de journalistes fuient les pays devenus trop dangereux: la Syrie, l’Irak, la Libye», note le rapport publié ce lundi. Ce dernier précise également que «le Yémen, l’Afghanistan, le Bangladesh ou le Burundi sont devenus en partie des trous noirs de l’information», du fait de la difficulté de travailler sur place. La plupart des journalistes ont perdu la vie dans leur propre pays, sauf quatre d’entre eux: un Syrien abattu en Turquie par l’Etat islamique (EI), un photographe américain en Afghanistan, un photographe néerlandais en Libye et un Iranien en Syrie.
Sans surprise, c’est la Syrie a été le théâtre le plus dangereux pour couvrir l’information en 2016: 19 personnes ont perdu la vie en tentant de le faire. Ce bilan est le même qu’en 2015. Vient ensuite l’Afghanistan, où les deux plus grandes chaînes privées du pays ont été désignées comme des cibles militaires par les talibans. Onze victimes sont à déplorer, alors qu’aucun journaliste n’était mort dans le pays en 2015. Enfin, le Mexique, pays pourtant en paix, compte neuf journalistes tués, soit plus qu’en Irak (huit). Les reporters y pâtissent de l’activité des cartels, qui font régner la terreur dans certaines parties du pays.
Si l’on observe les chiffres de ces dernières années, le Moyen-Orient reste une zone particulièrement dangereuse pour la presse. On constate ainsi un premier pic de décès en 2006 et 2007, dû à la guerre en Irak. Après quelques années de baisse, les chiffres repartent à la hausse au moment du Printemps arabe.
Si l’on examine en détail l’activité des victimes, on constate que les «journalistes citoyens» payent un lourd tribut depuis quelques années. Il faut noter, comme le rapporte RSF, que leur rôle est «croissant dans la production de l’information, notamment sous des régimes répressifs ou dans des pays en guerre, où il est plus difficile pour des journalistes professionnels d’exercer leur métier». Là encore, de nombreuses victimes sont décédées au moment du Printemps arabe, plus particulièrement en Syrie, déchirée par la guerre civile et l’offensive djihadiste.
Source : le figaro