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Critiquer n’est pas trahir, flatter n’est pas servir

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On dit chez nous que « celui qui veut traverser la rivière ne doit pas insulter le crocodile ». Mais il ne doit pas non plus se contenter de lui chanter des louanges au risque de se faire croquer. Voilà pourquoi, Monsieur le Président, depuis janvier 2022, mon message reste gravé dans l’histoire. C’est un plaidoyer pour une presse libre et critique, qui ne se contente pas d’applaudir, mais qui sait aussi questionner.

Lors de ce fameux déjeuner au palais Mohamed V, j’avais rappelé une évidence : « Avec vous, la presse est critique et restera critique».C’était un compliment autant qu’un avertissement.

Car une démocratie sans une presse libre, c’est un balafon sans calebasse : on peut taper, mais aucun son ne sortira. La presse guinéenne n’a jamais été un long fleuve tranquille.

Elle a connu des saisons sèches où l’encre se faisait rare et des saisons pluvieuses où les critiques pleuvaient sans retenue. Mais toujours, elle a su tenir debout, comme le fromager qui défie les tempêtes. Car une presse critique ne signifie pas une presse hostile.

Un bon médecin pique avec son injection, mais c’est pour guérir, pas pour tuer. La critique, lorsqu’elle est juste et constructive, est un miroir tendu au pouvoir pour qu’il voie ce que le flatteur ne lui dira jamais. Une presse qui caresse toujours dans le sens du poil finit par engraisser les illusions et affamer la vérité.

Monsieur le Président, vous avez dit : « La liberté, oui, mais le désordre, non.» Très bien. C’est une belle formule. Mais qui mérite une précision, car un bon maçon ne confond pas un mur porteur avec un mur de prison. Si encadrer la liberté consiste à lui offrir des bases solides et un toit protecteur, alors nous sommes d’accord. Mais si cet encadrement devient un enclos, alors c’est un problème.

La Guinée a besoin d’une presse forte, indépendante et économiquement viable. Il ne suffit pas de garantir la liberté sur le papier, il faut aussi lui donner les moyens de respirer. Car un journaliste affamé n’est pas libre. Il est enchaîné par la nécessité, soumis aux caprices du vent. C’est pour cela que je vous supplie de nous aider à retrouver et ramener à la maison notre confrère Habib Marouane Camara, qui vient d’avoir une fille sous son toit.

Aidez-nous aussi à rouvrir nos médias fermés. Si vous le faites, nous vous en serons reconnaissants. Personnellement, je vous revaudrai ça, car il est notre frère, notre cousin… en un mot, notre cher compatriote. Oui, Monsieur le Président, aidez-nous ! Aidez les services compétents à poursuivre les investigations et à retrouver notre confrère. Ce journaliste et responsable de médias est un valeureux défenseur de la République.

Oui, en 2022, nous avons posé les mots. Aujourd’hui, nous attendons les actes. Et souvenez-vous : « On ne peut pas bâillonner un tambour et espérer entendre la musique.» Merci d’avance.

Par Alpha Abdoulaye Diallo, in Le Populaire 

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