C’était il y a dix ans, quasiment jour pour jour. Alors que la Côte d’Ivoire est plongée dans une violente crise post-électorale, le 29 mars 2011, les milices pro-Ouattara prennent Duékoué, dans l’ouest du pays. La ville est le théâtre d’un massacre qui fait plus de 800 morts, selon le Comité international de la Croix-Rouge. Depuis mercredi 24 mars, un homme est jugé par le tribunal criminel d’Abidjan. Amadé Ouérémi, ancien bandit et trafiquant des montagnes de l’ouest, aurait prêté main forte aux ex-rebelles lors de la conquête de cette région en 2011. Arrêté en 2013, il est accusé d’être l’un des artisans de ce massacre de Duékoué. Il comparaît seul. Le procès doit se poursuivre ce jeudi 25 mars.
C’est un homme chétif, claquettes aux pieds et vêtu d’un polo élimé qui se présente devant le juge ce mercredi 24 mars. Amadé Ouérémi écoute les chefs d’accusation. Il y en a une vingtaine : de « génocide » à « crimes de guerre » en passant par « assassinat », « viol », « attentat » ou « extorsion »…
Puis, le greffier lit durant deux heures une longue litanie de témoignages décrivant la sauvagerie de ces violences de fin mars 2011 : les exécutions sommaires d’hommes, de vieillards et de garçons, les femmes et les filles violées, les maisons pillées et incendiées… Amadé Ouérémi est soupçonné d’avoir pris part activement à ces tueries avec ses hommes.
« C’est la guerre ! »
Commence ensuite l’interrogatoire du président. Amadé Ouérémi tente d’expliquer qu’il était sous les ordres d’un chef rebelle, le lieutenant Coulibaly, surnommé « Coul ». Pour autant, il se défend d’avoir participé aux massacres. « J’étais au village de Blodi. Je chargeais les munitions. Je ne suis arrivé que le lendemain de la libération de Duékoué, à 16 heures », raconte-t-il dans un français difficile.
Durant tous les débats, Amadé Ouérémi se pose en petite main, sans homme sous ses ordres. Il défend toutefois l’opération contre le quartier Carrefour qui, selon lui, visait des miliciens pro-Gbagbo. « Mais qui a tué ces 817 personnes en une journée ? », insiste régulièrement le président. « C’est la guerre ! », répond une première fois l’accusé, qui désignera plus tard aussi les chasseurs dozos. Une dizaine de témoins ont fait le déplacement de Duékoué pour ce procès. Ils attendront jeudi. L’audience est suspendue.
RFI