C’est avec étonnement et indignation que j’ai appris le placement sous contrôle judiciaire de Souleymane Diallo, patron du Groupe de presse « Le Lynx ».
Loin du pays, je partage la douleur fortement ressentie au sein de la presse guinéenne et exprime mes craintes face aux menaces qui pèsent sur elle.
En effet, depuis plusieurs mois déjà, des journalistes sont convoqués, entendus par des officiers de police judiciaire ou de gendarmerie, avant d’être déférés devant le Parquet et certains écroués à la Maison Centrale de Conakry. Et ce, en violation flagrante de la Loi sur la liberté de la presse dans notre pays.
A la grande surprise, des juges s’amusent à mettre en avant la loi sur la cybercriminalité, ignorant superbement la loi 002 portant liberté de la presse en République de Guinée.
Plus grave encore, des journalistes sont jetés en prison préventivement, alors que la citation directe est la procédure clairement prévue.
Il suffit qu’un haut dignitaire porte plainte contre un journaliste, pour que celui-ci soit inquiété au-delà de ce que la loi a prévu.
Qui donc a intérêt à ce que la presse se taise ou qu’elle refuse la parole aux usagers de la communication de tous bords ?
En tout cas, on a comme l’impression que les hommes de médias seront désormais soumis à de fortes pressions dans l’exercice de leur métier.
Pourtant, la loi sur la presse est claire et personne n’a le droit de l’ignorer au profit d’autres textes qui permettent l’amalgame et favorisent le musellement de la presse.
Une chose est sûre : jetez tous les journalistes en prison, leur voix résonnera toujours.
Et la presse continuera de donner la parole à tous ! Quel qu’en soit le prix à payer.
Par Boubacar Yacine Diallo, journaliste écrivain