L’ex ministre chargé de la sécurité présidentielle de l’ancien président Moussa Dadis Camara, inculpé depuis 2013 pour «meurtres, viols » ou encore «tortures» lors des massacres du 28 septembre 2009 dans un stade de Conakry, s’est échappé de prison le 4 novembre dernier. Le raid a également fait sortir provisoirement Moussa Dadis Camara et trois de ses co-détenus.
L’évasion du redouté colonel guinéen Claude Pivi, incarcéré depuis un an pour son implication présumée dans les massacres du 28 septembre 2009, au stade de Conakry, suscite dans la capitale guinéenne questionnements pour certains, ou encore doutes et inquiétudes pour d’autres quant à l’aspect sécuritaire. La tête de Claude Pivi a été mise à prix pour 500 millions de francs guinéens soit plus de 54 000 euros.
L’incapacité des autorités?
L’annonce faite par les autorités pourrait démontrer, selon Amadou Bano Barry, sociologue et enseignant-chercheur, «l’incapacité» de celles-ci «à retrouver le fugitif», s’appuyant sur les populations. «C’est un message qui n’est pas très beau, a-t-il déclaré, car cela signifie qu’en réalité ils sont déjà arrivés à la conclusion qu’ils sont dans l’incapacité eux-mêmes de faire ce travail. Compte tenu de celui qui est le fugitif et de la facilité avec laquelle il est sorti, je considère que le montant qui a été annoncé, ne me semble pas suffisamment incitatif pour que les gens risquent leur propre vie pour, disons, accéder à ce montant». Poursuivant, il confie que l’homme le plus recherché du pays «n’est quand même pas n’importe qui. À un moment donné, nous étions encore en Guinée, vers la fin du règne de Lansana Conté, c’était véritablement le patron de la ville de Conakry et même du pays».
Évasion ratée ou tentative d’enlèvement?
Samedi 4 novembre, le centre de Conakry s’est réveillé avec ce raid qui a fait aussi sortir de prison l’ex président Moussa Dadis Camara, et l’ancien patron des services spéciaux Moussa Tiégboro Camara, tous deux retournés en prison quelques hueres après. Dans ce raid, 9 personnes ont perdu la vie selon le parquet général. Évasion ratée ou tentative d’enlèvement, la question reste au centre des débats aujourd’hui à Conakry.
L’avocat de l’ex chef de la junte Moussa Dadis Camara affirme que son client a été extirpé de force de sa cellule par un commando armé. L’ancien président et ses co-accusés sont jugés pour les massacres du 28 septembre 2009 qui ont fait au moins 156 morts et des centaines blessées, et au cours duquel au moins 109 femmes ont été violées, selon le rapport d’une commission d’enquête mandatée par l’ONU. Ce procès historique ayant repris le 13 novembre dernier, s’est déroulé en l’absence de Claude Pivi toujours en cavale. Certains Guinéens, rapporte le professeur Amadou Bano Barry, «considèrent que ce procès, c’est le procès d’une catégorie de personnes, et que d’une façon ou d’une autre, les gens ont le sentiment que ce procès n’est pas juste, qu’en réalité tout le monde n’est pas à la barre. C’est-à-dire que tous les responsables du CNDD au moment de la gestion des faits ne se sont pas présentés à la barre pour donner leur version des faits, pour répondre à des questions». L’enseignant-chercheur pense que «ces éléments ont eu un effet, et auront des effets sur la stabilité et sur la cohésion sociale en Guinée».
In vaticannews