Je fais mienne la sagesse qui préconise de « remuer la langue 7 fois avant de la ramener », surtout après les hasardeuses prédictions auxquelles je me suis livré ici même, la semaine dernière, en annonçant imprudemment la fin de la démagogie à Kaloum.
Visiblement la manifestation de la semaine dernière pour la réouverture des classes n’aura été qu’un malentendu, à en croire la contre-manifestation d’hier destinée à rétablir la réalité des choses.
On dira que c’était une affreuse erreur de jugement de la part du peuple de Kaloum!
Mais même le fou a un jour de lucidité dans sa vie. C’était le leur Ou plutôt un jour de liberté, car pour une fois, ils ont échappé au joug sous lequel ils sont artificiellement maintenus depuis des lustres. Même si eux pensent que c’était un moment d’égarement.
Tout porte à croire que si cette manifestation a été possible, c’est surtout parce que les démagogues-qui y règnent en maître- ne l’ont guère vu venir, ce qui les a fait mordre la poussière.
Mais à la manière d’un cavalier qui vient de se prendre une sacrée gamelle et qui se remet aussitôt en selle pour faire démonstration de sa maîtrise de l’art équestre, en espérant que le récital qui suivra suffira à redorer son image ternie par la chute.
De la même façon, pour se faire pardonner de la boulette de la semaine dernière, les démagogues ont offert hier une parade dénommée » La marche du pardon ».( excusez du peu).
L’offense faite au président méritait bien un petit « chemin de croix » pour se faire pardonner du péché (en cette période de carême chrétien), sous forme de déambulation en file indienne dans les faubourgs de Boulbinet pour rassurer leur illustre voisin qui commençait sérieusement à douter de leur loyauté.
Pour ne pas attendre que le riz vienne à manquer, le peuple est sommé d’aller se mettre à plat ventre devant le souverain pour implorer sa grâce, avant que la colère de Böbödi, l’empereur de la démagogie, et par ailleurs fou du grand président ne s’en émeuve et finisse par mettre fin à la distribution de graines de riz au peuple pigeonné !
On image Bobodi s’adresse au peuple soumis de Kaloum :
Oh peuple de Kaloum!
Oh peuple ingrat!
Ne vois-tu pas donc tout le bienfait dont notre président t’a gratifié ?
Ne vois-tu pas que les sataniques banlieusards n’ont qu’un objectif, t’attirer la colère de notre vénérable président, par jalousie ?
Es-tu sourd ou aveugle pour ne pas t’en rendre compte?
Oh peuple ingrat!
Toi qui a osé provoquer la colère du seigneur Alpha Condé,
Viens, viens à ton président au plus vite implorer sa grâce, avant que sa colère ne s’abatte sur tes marmites !
Et pour ne point risquer de perdre sa ration quotidienne grassement offerte, le peuple se précipite au palais, avec le bouffon en selle trônant en tête de cortège, le roi Böbödi 1er, pour aller se repentir de cette énorme bévue.
Mais encore plus, pour conjurer cette malédiction il passe un coup de balai dans tous les recoins de la belle commune. Ainsi donc Kaloum retrouve l’ordre naturel des choses.
Alors chassez le naturel, il revient au galop… Sur le canasson de Böbödi !
Pauvre peuple !
Par Kharé Man