Un Guinéen bisexuel converti au christianisme à qui le Canada a refusé sa demande d’asile préfère mourir ici plutôt que retourner dans son pays, où il craint pour sa vie.
«Je préfère mettre fin à ma vie ici que d’être amené là-bas et mourir d’une façon horrible, humiliante», a dit Sanoussy Bérété, arrivé à Montréal en 2012.
L’homme de 30 ans s’est vu refuser sa demande d’asile par la Commission de l’immigration. La date de sa déportation en Guinée a été fixée au 29 novembre. Il est convaincu qu’il y sera tué en raison de son orientation sexuelle, qui est considérée comme un acte criminel dans son pays d’origine. Avec son avocat, il demande en dernier recours l’intervention du premier ministre Justin Trudeau, à qui une lettre a été acheminée.
Le jour où Sanoussy Bérété a décidé de fuir son pays, une violente dispute a éclaté avec son père parce que ce dernier aurait agressé sexuellement sa copine de l’époque. Son père, un musulman très conservateur, l’aurait menacé en lui pointant son fusil de chasse en plein visage.
«Il me criait que j’étais un bâtard, un sale pédé, que je n’étais pas son fils et que si je revenais, c’était ma mort certaine», a-t-il dit.
Peur de son père
Après cet événement, Sanoussy Bérété est resté caché de son père à l’hôtel. Sa sœur l’aidait et lui envoyait de l’argent. Il n’osait même pas sortir de la chambre, il vivait dans la peur constante d’être tué. Après quatre mois à vivre comme un fugitif, Sanoussy Bérété a réussi à prendre un vol pour Montréal. À son arrivée, il a fait une demande d’asile.
L’audience a seulement eu lieu en mars dernier. Dans sa décision, la Commission de l’immigration parle d’homosexualité, alors que M. Bérété se dit plutôt bisexuel.
«Il est invraisemblable de croire que le père qui l’accuse d’homosexualité soit le premier profiteur des conquêtes féminines de son fils, le supposé homosexuel», peut-on lire dans le jugement rendu le 31 mars. On conclut que M. Bérété n’est pas «crédible».
Appel impossible
Comme sa demande d’asile a été déposée un mois avant l’entrée en vigueur de la Section d’appel des réfugiés, il lui est impossible de faire appel de la décision, selon son avocat Me Guillaume Cliche-Rivard. Il estime d’ailleurs que l’état psychologique de son client a pu nuire à son témoignage et qu’il faut en tenir compte.
«Il a de la difficulté à mettre des mots sur ses relations avec des hommes. Il a grandi dans une famille où on lui dictait de suivre les règles de l’islam et de s’y conformer», a dit Me Cliche-Rivard.
Un rapport psychologique produit après l’audience attribue en effet à M. Bérété des symptômes «s’apparentant à un stress post-traumatique» incluant «des troubles de mémoire» et «un repli sur soi».
Source : journaldemontreal.com