L’ex-président du Burkina Faso, Blaise Compaoré, en exil en Côte d’Ivoire depuis sa chute en 2014, est attendu à Ouagadougou en fin de semaine pour y rencontrer les autorités militaires issues du coup d’Etat de janvier.
M. Compaoré, qui a été condamné par contumace à la prison à perpétuité en avril par un tribunal militaire de son pays, « est attendu en fin de semaine, il doit arriver jeudi ou vendredi pour un court séjour » et « être reçu par le chef de l’Etat dans le cadre de la réconciliation nationale », a déclaré à l’AFP une source proche du pouvoir burkinabè.
Une information confirmée par l’entourage de l’ancien président.
Un émissaire du chef de la junte militaire, auteur du coup d’Etat du 24 janvier, le lieutenant-colonel Paul-Henri Damiba, « l’a rencontré la semaine dernière à Abidjan à cet effet », selon la source proche du pouvoir, qui a précisé que le président ivoirien Alassane Ouattara, l’avait également reçu.
Pendant son séjour, il résidera dans une villa d’Etat dans laquelle avait été placé en résidence surveillé le président Roch Marc Christian Kaboré, renversé en janvier, selon elle.
« Mais si son retour définitif était acté, il devra par la suite se retirer dans sa résidence de Ziniaré, son village natal », situé au nord-est de Ouagadougou, a-t-elle ajouté.
Sur les réseaux sociaux, des partisans de l’ancien président ont appelé à un rassemblement à l’aéroport de Ouagadougou vendredi matin.
Le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba a reçu fin juin l’ex-président Roch Marc Christian Kaboré qu’il avait renversé, « pour décrisper la situation ».
Il semble qu’il cherche à créer une « union sacrée » autour de lui pour l’aider dans la lutte contre les groupes jihadistes qui ensanglantent le Burkina Faso depuis 2015 et dont les attaques de plus en plus meurtrières se multiplient ces dernières semaines.
– Pepétuité pour la mort de Sankara –
Le président Compaoré avait été contraint de partir en exil en Côte d’Ivoire en octobre 2014, au lendemain de violentes émeutes populaires et sous la pression de l’armée et de l’opposition, qui s’opposaient à sa volonté de vouloir rester au pouvoir qu’il détenait depuis 1987.
Le 6 avril, il a été condamné par contumace à la prison à perpétuité à l’issue d’un procès de six mois devant le tribunal militaire de Ouagadougou, pour son rôle dans l’assassinat de son prédecesseur Thomas Sankara, lors d’un coup d’Etat qui l’a porté au pouvoir cette année là.
Ce procès historique s’était ouvert en octobre 2021, 34 ans après la mort de Sankara, icône panafricaine.
Les avocats de Blaise Compaoré avocats avaient dès le début dénoncé « un procès politique » devant « une juridiction d’exception ».
L’ex-président était soupçonné d’être le commanditaire de l’assassinat de son ancien compagnon d’armes et ami arrivé au pouvoir par un putsch en 1983, ce qu’il a toujours nié.
La mort de Thomas Sankara, qui voulait « décoloniser les mentalités » et bouleverser l’ordre mondial en prenant la défense des pauvres et des opprimés, a été un sujet tabou pendant les 27 ans de pouvoir de M. Compaoré.
AFP