Né en Guinée en 1916, Addi Bâ s’est engagé comme tirailleur sénégalais en 1939 dans l’armée française qu’il quitte avant de devenir chef de maquis dans les Vosges où il est fait prisonnier, torturé, condamné à mort par un tribunal allemand et fusillé, à Épinal, le 18 décembre 1943.
L’année 2023 marquera le 80e anniversaire de la mort d’Addi Bâ , condamné par un tribunal allemand pour acte de franc-tireur et fusillé à Épinal, à l’âge de 27 ans, en décembre 1943. D’ici là, la ville d’Épinal aura baptisé du nom d’Addi Bâ un site, encore à définir, en souvenir de l’homme, Guinéen d’origine et devenu héros vosgien, dont le destin hors du commun a pu être retracé par Étienne Guillermond, dans un livre (Addi Bâ, résistant des Vosges).
Journaliste, originaire de Tollaincourt , berceau de sa famille, il a passé son enfance dans les rues qu’Addi Bâ avait aussi parcourues, installé dans le village au cœur de la Seconde Guerre mondiale, où il allait devenir un pilier du maquis local.
Un parcours hors norme pour Addi Bâ, de son vrai nom Mamadou Hady Bah , né en Guinée française en 1916, de parents éleveurs comme le sont la plupart des Peuls.
Engagé dans l’armée en 1939
C’est dans son village qu’il croise la route des Maurice, un couple qui le prend sous son aile et lui propose de l’amener en France. Alors qu’il a 19 ans, il quitte son village, rejoint Conakry et embarque à bord d’un cargo pour mettre le cap vers la France. Il arrive alors à Langeais, en Indre-et-Loire, dans le milieu des années 30, avant de vivre durant quelques années à Paris, là où il s’engage dans l’armée française le 14 novembre 1939 au sein des tirailleurs sénégalais.
On retrouve trace de son passage dans la région de Sedan en mai 1940 avant que son régiment n’arrive aux portes des Vosges en juin 1940. C’est là que sa vie va finalement prendre un autre sens. On le croit un temps blessé, prisonnier, voire disparu. Addi Bâ vient en fait de quitter l’armée et décide, en janvier 1941, de s’installer à Tollaincourt. Il y vivra durant trois ans où il devient commis dans une exploitation agricole.
« Ma grand-mère a dû le croiser quelquefois, elle m’en a parlé… » Au gré de ses recherches, Étienne Guillermond a retrouvé de précieux éléments ainsi que des images sur celui qui formera, avec deux contacts rencontrés dans la commune (Marcel Arbuger, plombier zingueur et Georges Froitier, instituteur), le premier noyau de résistance dans le secteur de Lamarche.
Interrogé et torturé
C’est, durant l’occupation de la France par l’Allemagne nazie, à la mise en place du STO (service de travail obligatoire) que le réseau se structure. Addi Bâ est nommé responsable opérationnel du maquis , dont l’activité essentielle consiste à cacher en forêt et nourrir des jeunes qui fuient le STO. Ils sont jusqu’à 110 en juillet 1943 quand deux fuyards, des Malgré-Nous qui cherchent à échapper à la Wehrmacht tentent d’y trouver refuge.
Les résistants n’en veulent pas et les deux hommes, eux-mêmes repris par les soldats allemands, lâchent le morceau sur ces maquisards dont le groupe, par précaution, avait été dissous. Blessé par balles lors de son arrestation chez lui, à Tollaincourt, où il possède une maison, Addi Bâ est hospitalisé puis transféré à la caserne militaire de la Vierge, à Épinal, transformée par les Allemands en prison. À deux pas de la place où, avec son ami Arburger, après avoir été tous les eux interrogés et torturés, ils sont fusillés le 18 décembre 1943.
Par vosgesmatin.fr