S’aura-t-on un jour le bilan réel de la tragédie survenue le 1er décembre dernier au stade régional de Nzérékoré ? Alors que dés les premières heures du drame le gouvernement avait annoncé un bilan provisoire de 56 morts, trois semaines après, le ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, Yaya Kairaba Kaba, soutient que le chiffre n’a pas évolué contrairement aux affirmations des organisations locales de défense des droits humains qui évoquent environ 150 victimes, et de la diaspora forestière qui avance un bilan d’environ 300 morts.
« Les chiffres avancés par le Gouvernement sont à la fois de sources hospitalières et judiciaires. Parce que des enquêtes ont eu lieu et des corps ont été reçu à l’hôpital, les blessés étaient là », a déclaré M. Yaya Kairaba Kaba vendredi 20 décembre, dans une sortie médiatique. « De cette date à maintenant, la situation n’a pas évolué pour ce qui est des cas de morts à ma connaissance », ajoute-t-il.
Selon lui, « Ces événements n’avaient aucune coloration politique. C’est un événement sportif », soutient, ajoutant que « la Guinée n’est pas le premier pays où de tels événements ont tourné de cette façon. Ceux qui veulent jeter de l’huile sur le feu avancent des chiffres sans être exactement sûr que ce sont ces chiffres-là ».
S’exprimant au lendemain du drame, le Premier ministre avait pourtant avoué que le bilan pourrait être plus lourd que les 56 morts annoncés officiellement. « Je pense qu’il est trop tôt pour se prononcer. Mais quoi qu’il en soit, on est tout à fait attentif à se dire qu’il y a eu trop de morts », avait laissé entendre Bah Oury.
Dimanche 01 décembre, une finale d’un tournoi en faveur du président de la transition le Général Mamadi Doumbouya a dégénéré au stade de 3 avril de Nzérékoré.
La finale opposait l’équipe de Nzérékoré et celle de Labé. Au moins deux membres du gouvernement avaient fait le déplacement pour y assister.
Mais dans les dernières minutes, ça a dégénéré. Jeunes et forces de l’ordre s’en sont mêlé, aboutissant à une situation chaotique.
Cela est parti lorsqu’un penalty est sifflé pour l’équipe locale. Les visiteurs contestent, s’en prennent à l’arbitre, une échauffourée débute alors que le terrain est envahi : selon des témoins, les forces de l’ordre jettent alors des gaz lacrymogènes. Des jeunes répondent par des jets de pierre. L’affrontement amène à un mouvement de foule vers la seule sortie de l’enceinte.
Une commission d’enquête a été mise par le gouvernement pour déterminer s’il y a des raisons d’engager ou non des poursuites judiciaires. Mais d’ores et déjà, le Premier ministre Bah Oury indexe l’arbitrage qui selon lui n’était pas à la hauteur.
De son côté, l’opposition accuse les organisateurs du tournoi qu’elle qualifie de propagande en faveur d’une candidature du chef de la transition lors de l’élection présidentielle à venir.
Par Alpha Abdoulaye Diallo