Le 18 décembre 2023, à minuit cinq, le plus grand dépôt de carburant de Guinée explosait à Kaloum, dans la capitale Conakry, faisant plus de 20 morts et plusieurs milliers de sinistrés. À l’époque, une enquête judiciaire a été ouverte « pour incendie volontaire ». Mais si un an après, on ignore toujours la suite de ces investigations, Mamoudou Cifo Kétouré, présidant du Comité des sinistrés des hydrocarbures de Kaloum soupçonne « une volonté de spoliation » de leurs biens.
« Il y a eu une réelle volonté de spoliation de nos biens. Tout ce qu’on nous a dit dans cette affaire-là, ‘’tenez, voici des sacs de riz, acceptez que vous soyez relogés à 50 kilomètres de Conakry, de Kaloum, vous allez quitter la capitale’’, c’est un plan de recasement que nous avons refusé. Nous disons non », a-t-il déclaré dans un entretien avec RFI.
« Nous ne vendrons pas nos terrains ! Il s’agit de biens qui nous appartiennent et nous ne sommes pas sur un domaine de l’Etat », ajoute-t-il, expliquant que Kaloum est la zone la plus convoité du pays.
« C’est ici que les terrains coûtent le plus cher. Nous, nous sommes les autochtones d’ici. Voilà », dit-il, indiquant que « nous n’avons pas été traités dignement. Ce qui amène à des interrogations quand même, à se demander le pourquoi de cette situation ».
Parlant de la gestion des dons aux victimes, il déclare « Nous savons qu’il y a eu quelques sommes qui ont été remises à quelques personnes. Mais je dis que la commission qui gère, elle gère dans une opacité sans pareille. Il n’y a pas de communication : qui a reçu ? Qui a donné ? L’argent vient de qui ? Mais pourquoi vous nous parlez toujours de libérer ces constructions pour que vous veniez faire quelques constructions ? Nous disons non. Il y a une volonté de spoliation de nos biens » réitère-t-il, avant d’appeler le gouvernement à les indemniser et à clôturer l’enquêtes
« Ces feuilles de tôle, ces ciments et les montants qui les ont accompagnés, vous devez nous les donner. Pourquoi nous tenons à ce point-là ? Parce que, si nous ne sommes pas indemnisés, s’il n’y a pas d’enquête, il y a risque de récidive », estime-t-il, rappelant qu’à date « nous n’avons reçu aucun enquêteur. Nous ne connaissons pas les résultats de l’enquête, et pire, nous n’avons même pas reçu les condoléances d’usage ».
Par I.Sylla